Publié le Mardi 21 février 2017 à 21h53.

Combattons le maintien de l’ordre… capitaliste

« Nous devons défendre le pacte républicain qui nous unit tous », claironne le ministre de l’Intérieur... Mais s’il y a pacte, c’est bien celui qui unit la poignée de possédants avec les différents rouages de l’État. Contre nous touTEs, habitantEs des quartiers populaires, migrantEs, chômeurEs, salariéEs, militantEs...

Le viol de Théo, parce qu’il a provoqué une vive émotion bien au-delà d’Aulnay-sous-Bois, révèle aux yeux de touTEs l’extrême violence de certains policiers de la police du maintien de l’ordre. Elle suscite la colère et la résistance.

Les forces de quel ordre ?

La conception politique de la police de l’État français est l’enfermement des classes dites dangereuses : « une plèbe jugée méprisable qu’il faut mater et maintenir à sa place, c’est-à-dire au plus bas », écrit l’historien engagé Olivier le Cour Grandmaison. L’état d’urgence permanent imposé par ce gouvernement socialiste s’inscrit dans cette logique : aggravation de toutes les peines concernant les actes, voire les intentions, de la petite délinquance, qui conduit toujours les plus pauvres à la case prison et aux violences qui y règnent. Des méthodes similaires sont utilisées sur les quartiers populaires : contrôles d’identité ciblés, injures racistes, coups, humiliations à connotation sexuelle, notamment par des policiers des BST (brigades spécialisées du territoire, créées par Hortefeux, ministre de l’Intérieur en 2010) pour « intervenir et réprimer les crimes et délits spécifiquement dans les zones difficiles ». Au fond, c’est toujours la reconquête et la pacification !

Il n’y a pas de limite à la volonté de se moquer et d’humilier : révélé il y a quelques jours dans la presse, le déguisement de policiers en musulmans dans le quartier de la Briscane à Marseille marque un nouveau pas dans l’abject. Et il n’y a pas de limite à la violence : le viol de Théo en témoigne, ainsi que la mort liée à des actions de police d’une douzaine de personnes chaque année. Il s’agit bien de contenir, si nécessaire par la terreur, des jeunes en grande partie issus des anciens pays colonisés, pour 40 % d’entre eux au chômage et jugés inutiles par le système.

De la guerre sociale

Maintenir l’ordre et aussi mater. Mater toutes les résistances : celles des militantEs contre la COP21 ou à Notre-Dame-des-Landes ; celles pour l’emploi à Goodyear, Air France ou ailleurs ; celles contre la loi travail ; celles qui réclament justice pour Théo, Adama et tous les autres... Pour touTEs, coups, gazages, nassages, risques de séquelles physiques à chaque manifestation, voire la mort comme pour Rémi Fraisse, les procès... Et aucun soutien à espérer en général du côté de la justice : celle-ci est au service de cette politique policière. Ainsi, à Aulnay-sous-Bois, alors que plusieurs jeunes sont en prison pour « embuscade », un policier violeur et ses complices sont toujours en liberté...

L’état d’urgence permanent est une méthode de gouvernement qui légalise tous les abus : perquisitions violentes de nuit, multiplication des assignations à résidence, jugements pour délits de solidarité. Pire, l’État français se moque des décisions de justice. Ainsi, il a été condamné à plusieurs reprises par la Cour européenne des droits de l’homme en raison de la surpopulation carcérale et pour des assignations à résidence abusives et contraires à la libre circulation, mais aussi par la Cour de cassation pour faute lourde concernant des discriminations lors des contrôles... Sans aucun effet à ce jour !

Mais par contre, la nouvelle loi votée le 16 février dernier sera elle sans nul doute appliquée... car elle permet aux adeptes de fraude financière de s’extraire de toute poursuite judiciaire pour les infractions occultes, très difficiles à prouver, au-delà de 12 ans après que l’infraction a pu être découverte. Les Fillon ou Cahuzac, de droite comme de « gauche », ont encore de beaux jours !

Organisons-nous !

Les institutions police et justice, chargées d’imposer un ordre économique injuste et inégalitaire contre l’intérêt du plus grand nombre, perdureront tant que cet ordre existera, tant que le système capitaliste durera. Et pour l’arrêter, nous ne pouvons que compter sur nos forces.

Nous avons toujours des raisons fortes de nous révolter contre ce système, aujourd’hui plus que jamais, car ce sont des jeunes de notre camp social qu’ils maltraitent, violent ou assassinent. Nous ne pouvons nous taire. C’est pour cela qu’en particulier le dimanche 19 mars, nous serons avec les familles des victimes, avec de nombreuses associations, partis et syndicats pour exiger justice pour Théo, Adama et tous les autres !

Roseline Vachetta