Publié le Mardi 30 janvier 2018 à 21h32.

Contre l’impunité policière et la société du flicage

Un an après l’agression contre le jeune Théo à Aulnay-sous-Bois le 2 février 2017, on apprend que trois des quatre fonctionnaires de police inculpés pour « violences volontaires en réunion » ont été réintégrés par la police nationale. Seul le quatrième policier, mis en examen pour viol, reste suspendu. La nouvelle de cette réintégration suscite un émoi et une colère légitimes.

Trois semaines après le non-lieu dans le procès du gendarme responsable de la mort de Rémi Fraisse, on assiste en effet à une nouvelle démonstration de l’impunité dont jouissent les policiers impliqués dans des violences, y compris dans des cas de viol ou d’assassinat. Une impunité qui permet de comprendre, entre autres, pourquoi les flics continuent de multiplier les agressions contre les migrantEs, les manifestantEs ou les habitantEs des quartiers populaires : ils sont couverts !

À l’heure des grandes déclarations démagogiques de Macron, clins d’œil appuyés en direction de la droite et de l’extrême droite, sur le nécessaire « respect de l’ordre républicain » et sur la fermeté à l’encontre de ceux qui s’en prennent, y compris verbalement, aux forces de police, la perpétuation de l’impunité pour les flics violents est d’autant plus révoltante. 

Et comment ne pas relever qu’au même moment le ministre de l’Éducation Jean-Michel Blanquer annonce qu’il se déclare favorable à l’« expérimentation » proposée par Christian Estrosi à Nice, à savoir la présence de policiers municipaux dans des écoles primaires ? Les enfants de 7 ans auront-ils eux aussi droit à des démonstrations de ce qu’il en coûte de refuser les humiliations policières ou de se soustraire à un énième contrôle d’identité ? 

Il s’agit sans aucun doute, pour les partisans d’une société du flicage permanent, d’accoutumer tout le monde, y compris les enfants, à l’omniprésence policière. Blanquer ne dit pas autre chose lorsqu’il affirme sur France Inter qu’un flic dans une école, « [c’]est quelqu’un qui va vivre au quotidien avec les enfants et va en fait s’intégrer dans leur vie »

Cher Jean-Michel Blanquer : non merci ! Ce que nous voulons, ce n’est pas une police qui s’intègre à nos vies, mais bien que la police arrête de pourrir la vie de celles et ceux qui refusent de marcher au pas, qui n’ont pas la bonne couleur de peau ou qui se mobilisent contre un « ordre » injuste et violent. Et nous ne cesserons pas d’affirmer que nous refusons l’État autoritaire et l’impunité des flics, et que nous exigeons justice et vérité pour Théo, Adama, et toutes les autres victimes des violences policières.

Julien Salingue