Un vent de dignité retrouvée a soufflé à Argenteuil lors du rassemblement contre les violences policières, organisé par le collectif Ali Ziri, samedi 14 janvier. Avec le père d’Hakim Ajimi et le porte-parole du collectif qui avaient fait le déplacement depuis Grasse, avec des représentantEs des collectifs « Justice et Vérité » pour Wissam El-Yamni de Clermont-Ferrand, Lamine Dieng de Paris, Mamadou Maréga de Colombes, Abdelilah El Jabri d’Aulnay-sous-Bois, avec des membres du MIB, du Collectif Anti-Négrophobie, d’Amnesty International… les témoignages ont été nombreux.
À chaque fois, l’occasion a été donnée de rétablir la vérité des faits, ceux rapportés par les témoins et les expertises médicales. Chacun aura pu constater les similitudes dans les méthodes d’interpellation, dans le traitement judiciaire et même médiatique, qui nous imposent une réaction unitaire et nationale structurée autour de la campagne « Police, personne ne bouge » et du collectif « Vies volées ». Cette rencontre, cet entre-nous, cette confiance, ont laissé toute la place qu’il fallait pour des émotions trop souvent contenues parce que non reconnues. Des douleurs ravivées lorsque la justice à son tour utilise à sa manière une clé d’étranglement, celle-là même qui asphyxie et qui étouffe ces affaires de meurtre. C’est le cas pour celui d’Ali Ziri, pour lequel le procureur requiert un non-lieu, en livrant des conclusions ahurissantes et sans appel : « Attendu que l’information n’a établi aucun acte de violence volontaire qui aurait été la cause directe ou indirecte du décès d’Ali Ziri, attendu qu’il résulte des expertises qu’aucune faute directe involontaire n’est imputable à quiconque, l’état d’insuffisance des moyens, des personnels et de leur compétence, des services de police ou d’urgence ne pouvant pas être retenu à l’encontre de ceux qui y travaillent dans des conditions difficiles. » Pour cette justice, c’est donc sans cause et spontanément que seraient apparus les 27 hématomes, dont l’un de 17 cm de diamètre, et « l’hypoxie suite à une compression sur la cage thoracique » rapportés par l’Institut médico-légal !
Déni, mensonges, falsification de preuves, pressions sur les témoins et la famille, sont des constantes dans les pratiques policières et judiciaires. Et à chaque fois, jouer la montre pour diluer dans le temps les mobilisations pour la justice et la vérité. C’est pour cette raison que le collectif a posé ce jour-là une plaque sur le lieu d’interpellation d’Ali Ziri. Gravé dans l’acier, on peut y lire : « Ali Ziri, 69 ans, mort le 11 juin 2009, suite à son interpellation par la police nationale ici-même ». Cela n’est pas sans rappeler la plaque posée pour Malik Oussékine qui incrimine elle aussi la police. Comme l’a souligné Jacques Gaillot, présent à notre rassemblement, notre combat doit se poursuivre pour infléchir la décision du juge d’instruction.
C’est l’enjeu-même de notre prochain rendez-vous pour Hakim Ajimi, vendredi 20 janvier en soirée, à la Fontaine des Innocents (M° Saint-Michel, voir le site du FSQP). On ne lâchera rien, « ils pourront couper toutes les fleurs, ils n’empêcheront pas la venue du printemps ».
Omar Slaouti