Publié le Mercredi 25 novembre 2020 à 12h56.

Des habitantEs du 93 s’organisent contre les saccages liés aux jeux Olympiques

Profitant d’une initiative nationale « contre la réintoxication du monde » impulsée par une large coalition, des habitantEs de Seine-Saint-Denis ont décidé de s’emparer de la date du mardi 17 novembre pour manifester contre les effets délétères des jeux Olympiques et paralympiques (JOP) sur le 93.

Malgré un agenda chargé (expulsion d’un camp de migrantEs de 3 000 personnes au Stade de France le matin et manifestation contre la loi sécurité globale le soir), une date en semaine et le confinement, ce sont près de 150 personnes qui ont manifesté de Mairie de Saint-Ouen à la tour Pleyel de 15 h à 17 h.

Plus que par le nombre de personnes, la réussite de cette initiative tient au fait que la coordination qui en est à l’origine et qui s’est formée pour l’occasion à l’initiative d’Extinction Rebellion Pantin et alentours, rassemble les collectifs d’habitantEs qui luttent contre les dégâts sociaux et environnementaux des JOP ainsi que des soutiens. Le NPA Pantin-Aubervilliers en fait partie. La manifestation elle-même a d’ailleurs été pensée comme le premier événement d’un « Toxic Tour » visant à organiser des actions/manifestations sur l’ensemble des sites impactés par les JOP. Nous avons donc assisté ces dernières semaines à la naissance d’un nouvel acteur qui pourrait devenir central dans les mois à venir sur la question de la lutte contre les grands projets inutiles et néfastes autour des JOP. Et des projets néfastes, il y en a !

Les jeux Olympiques contre les habitantEs du 93

Les quelques équipements collectifs financés à l’aide des JOP cachent une longue liste de destructions, de pollutions, d’expulsions et de spéculations en cours sur le 93. Les JOP permettent avant tout d’accélérer des tendances déjà à l’œuvre au sein du Grand Paris : multiplication des investissements immobiliers spéculatifs et éloignement des plus précaires du centre de Paris. La « loi Olympique » permet de déroger aux obligations légales relatives à la démocratie participative régissant normalement les grands projets urbains. Tout cela au détriment des habitantEs du 93 dont les besoins ne sont pas pris en compte et qui se voient littéralement chassés ou intoxiqués par les travaux liés aux JOP. Il est par exemple prévu :
– la construction d’un échangeur autoroutier à proximité immédiate d’un groupe scolaire de 700 élèves âgés de 3 à 12 ans ;
–  la destruction de plus de 10 000 m² de jardins ouvriers vieux de 100 ans et de 70 000 m² du parc Georges-Valbon à la Courneuve, poumon vert du 93, malgré la présence d’espèces protégées ;
– l’expulsion de près de 300 résidents du foyer Adef à Saint-Ouen sans solution satisfaisante de relogement.

Ultime provocation, dans un territoire où les logements insalubres sont légion, il est prévu la construction d’un hôtel de luxe de 700 chambres.

Comme pour les précédents JOP, les coûts d’entretien de la plupart des infrastructures qui seront construites reviendront ensuite aux collectivités locales qui n’auront pas les moyens de les entretenir sauf à les rendre payantes. Là encore, en décalage total avec les besoins des habitantEs du 93.

Une partie des travaux débutera au premier semestre 2021. La mobilisation devra alors gagner en force et en radicalité sous peine d’encaisser des défaites irréversibles. Il est essentiel que les activistes, les forces vives et les habitantEs du 93 s’investissent dans les mois à venir dans cette lutte pour construire cette mobilisation et renforcer les chances de victoire.  

Elisa et Hugo (NPA Pantin-Aubervilliers)