On aurait presque envie de le consoler, Bernard Hinault. Cette vieille gloire nationale du vélo n’a pas supporté que l’on vienne encore égratigner la légende de la Grande Boucle. « On veut tuer le Tour » a-t-il crié. Même pas un démenti, juste un ras-le-bol de toujours servir de cible.De toute manière, plus personne ne nie la réalité. Y compris Gérard Holtz, qui après des années de déni, a fini par lâcher en guise de confession intime « À un concert des Stones, moi je danse, même si je sais qu'ils ont pris de l'héroïne ».Le dopage n’aura donc pas épargné ce centième Tour de France... avant même le premier coup de pédale. Il devait pourtant apporter la rédemption d’une épreuve mythique enfin « propre ». Seulement c’est juste impossible. Même des années plus tard, la vérité se fraie un chemin dans les colonnes de l’Équipe qui nous apprend brutalement que Jalabert se serait biberonné à l’EPO en 1998. Pour connaître les produits en vogue cette année 2013, il faudra donc rester abonné à l’Équipe jusqu’en 2028...
Se doper, gagner...Avant ça, Jan Ullrich avait fini à son tour par cracher le morceau, sans oublier cette commission du Sénat qui avait auditionné à peu près tout le monde, pour nous servir son petit couplet répressif, laissant même entendre qu’il fallait autoriser les contrôles de nuit. Amputer les droits élémentaires du citoyen juste pour garantir aux sponsors qu’ils pourront vendre un spectacle certifié « sain », certains peuvent y voir la défense de l’esprit coubertinicien...Le pire est peut-être la façon dont les coureurs se défendent. Au lieu de mettre en accusation un système qui nécessite le dopage, ils continuent de jouer les victimes involontaires à coup de « Je ne peux pas dire que ce soit faux, je ne peux pas dire que ce soit vrai » (Jalabert). Pourtant, tous ont finalement vendu la mèche : pas de cyclisme, du moins comme nous le connaissons, sans « se charger », que ce soit pour gagner (les déclarations d'Armstrong), ou rétablir « l’égalité des chances » (la version d'Ullrich). Les plus belles échappées commencent toujours à la pharmacie.
King Martov