Publié le Mercredi 11 octobre 2017 à 12h00.

Droite, extrême droite et « sécurité » : Et demain le retour de la peine de mort ?

La même obsession les anime : « neutraliser les individus en lien avec l’activité terroriste », « les mettre hors d’état de nuire ». Ils jugent la loi faible, un « sous-état d’urgence incapable de lier terrorisme et immigration » selon le FN. 

Pour l’enfermement maximum des étrangerEs

Eux n’hésitent pas à amalgamer les deux, en exigeant le retour à la double peine, l’expulsion de tous les fichés S étrangers, l’expulsion immédiate du territoire de touTEs les étrangerEs en situation illégale, la déchéance de nationalité pour tous les binationaux suspectés et pour les Français « qui sont partis porter atteinte à nos valeurs ». Le tout accompagné d’un développement de Frontex, du renforcement des frontières et de la fin de Schengen ainsi que d’un moratoire sur l’immigration. La pénalisation du soupçon contenue dans la loi est poussée jusqu’aux extrêmes. Ainsi ils proposent des mesures d’éloignement pour des étrangers qui « menacent l’ordre public ». La rétention administrative en centre de rétention fermé pour les djihadistes, sur des territoires éloignés, avec une trouvaille de Dupont Aignan, « ouvrir Cayenne » ! Chacun ajoute sa touche personnelle : Le Pen veut une « brigade anti­terroriste dépendant de l’armée », Wauquiez « la perpétuité réelle » pour tous les crimes liés au terrorisme, Ciotti la suppression des allocations familiales « aux parents dont les enfants ne respectent pas la minute de silence après la ­commission d’attentats ».

Vers la société du soupçon généralisé

C’est sans doute Estrosi qui a la pensée la plus aboutie et la plus cynique. À Nice, avec 685 policiers municipaux, auxquels doivent s’ajouter 100 nouveaux agents, tous armés de pistolets semi-­automatiques 9 mm, il se sent légitime pour prendre la tête d’une croisade hyper sécuritaire. Sous le parrainage de Collomb et celui de l’UE, il vient en effet de réunir des maires des grands villes de l’arc méditerranéen et d’une partie des villes européennes pour la sécurité de terrain. Le but ? Obtenir une augmentation des fonds européens pour le développement d’équipements de surveillance de haute technologie dont des caméras intelligentes capables de reconnaissance faciale et aussi de repérer, par le biais d’une analyse algorithmique des images, des comportements « anormaux ou suspects ». Cela s’inscrit dans ce qu’il nomme « la guerre à l’israélienne car nous subissons une guerre comme Israël en subit une » (!). Cela passe notamment par le devoir pour toute la population, les agents des administrations et les enseignants, de participer au renseignement et au signalement.

Loin de nous faire relativiser les mesures liberticides prises par Macron, cette surenchère sécuritaire démontre qu’elles sont un porte-voix pour la diffusion d’idées toujours plus liberticides, racistes et islamophobes. Nul doute que revenus au pouvoir, la droite et l’extrême droite sauraient s’en servir pour aller encore plus loin !

Roseline Vachetta