Quinze ans après, la vache est toujours aussi folle pour les consommateurs. Les recettes de certains des plats cuisinés vendus en grandes surfaces sont pleines de mystère : du bœuf avec du cheval, ces derniers piqués aux produits tout aussi mystérieux que dangereux, hormones, antibiotiques…Ce scandale ne fait que rendre encore plus crédible l’idée populaire que nous ne savons pas ce que nous avons dans nos assiettes. Sous de belles étiquettes « 100 % bœuf » se cache une tout autre réalité : une avalanche de sous-traitants qui se commandent des kilos de bidoche à en faire oublier que cette dernière ne pousse pas sur des arbres. Ce mode de production dangereux pour notre santé l’est tout autant pour la planète : multiplication des échanges et donc de camions sur les routes, intermédiaires qui se gavent à chaque transaction sur le dos des paysans, actionnaires qui se font du gras sur le dos et au mépris des consommateurs. Il s’agit donc bien de savoir comment produire et contrôler cette production et donc notre alimentation. Depuis des années, de la vache folle à ce dernier scandale, rien que des mesurettes comme la traçabilité qui n’empêchent pas les grands groupes de l’alimentaire de se fournir n’importe où, et n’importe comment. Il est alors facile de se défausser sur un système qui s'est organisé pour ne pas avoir de responsables, si ce n'est en dernier ressort les organisations mafieuses. Mais ils sont tous responsables, les distributeurs en particulier qui, par la dictature des prix et donc de leur marge, cherchent toujours à baisser les prix des matières premières au détriment de la qualité. Cet agro-business se fait évidemment à l'encontre des petits producteurs et paysans, les premiers à subir ce système.Une autre société, en rupture avec ce système économique, permettrait à la population de contrôler et de décider comment produire en respectant l’environnement. Une fois de plus, les choix de production – pourquoi, comment et pour qui – sont au cœur de la question. Que ce soit pour notre santé, pour nos conditions de vie, il y a urgence à rompre avec cette logique.Thibault Blondin
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T. Blondin