Publié le Mercredi 13 mars 2024 à 10h34.

Comment reprendre la main sur l’alimentation ?

Comment assurer demain un revenu au moins égal au SMIC à toustes les travailleurEs de la filière ? Comment organiser concrètement le passage urgent à l’agriculture bio et à l’agroécologie ? Et dans cette perspective, comment garantir l’accès à la terre pour un million de nouveaux paysanNEs ? Comment créer de nouvelles formes de propriété d’usage, évitant la fuite en avant de l’agrandissement et l’endettement qui va avec ? Beaucoup d’autres questions se posent liées à la gestion de l’eau, à l’impératif de la baisse massive de la consommation de viande, à la consommation la plus locale possible, aux gaspillages scandaleux. Et sans doute d’abord, la cruelle question de l’aide alimentaire.

Pour une Sécurité sociale de l’alimentation (SSA)

À travers toutes ces questions, se dessine clairement l’enjeu du pouvoir absolu des actionnaires du secteur de l’agro-­industrie, de l’industrie de la viande, de la grande distribution — le tout lié aux accords de libre-échange.

Au-delà, comme pour la santé, le droit réel à une alimentation saine réclame une logique de protection sociale étendue et la rupture avec la logique du profit. Se dessinent aussi en creux de possibles alliances concrètes entre le monde paysan, de larges couches de travailleurEs et la jeunesse notamment. La proposition de SSA, proposition de lutte évidemment, peut donner une cohérence d’ensemble, un cadre dynamique crédible pour sortir des impasses du capitalisme agricole.

Concrètement, il s’agit de créer et financer une nouvelle branche de la Sécurité sociale pour l’alimentation. Elle serait financée par une augmentation générale de la partie socialisée des salaires de 400 euros. Toute personne vivant sur le territoire français se verrait attribuer une Carte vitale « alimentation » créditée de 150 euros par mois utilisables auprès de distributeurs conventionnés.

Ce système de conventionnement garantirait des conditions de production écologiques et socialement justes, de la production paysanne à la restauration collective, en passant par la transformation et la distribution.

Démocratie radicale nécessaire

Une intense mobilisation démocratique dans toute la société sera nécessaire pour la mise en place de la SSA. Nous devons, de toute urgence, nous passer des actionnaires de l’agrobusiness et du crédit bancaire ! L’augmentation générale de 400 euros affectée à la SSA permet de rendre solvable et viable l’ensemble de la chaîne du secteur par le subventionnement SSA. À nous de décider, collectivement, démocratiquement, localement et plus largement jusqu’au niveau national, en démocratie directe et ­représentative, de ce que nous voulons produire, en quelles quantités, à quelles conditions écologiques et sociales. Et cela, à l’opposé de tout repli nationaliste : la SSA se discute aussi en Belgique, en Suisse, en Espagne. Encore largement ouvert, le débat avance et précise notre ­perspective écosocialiste.