Publié le Mardi 28 septembre 2021 à 18h49.

Emmurez cette misère que l’on ne saurait voir

Sur ordre de la préfecture, un mur a donc été construit sur une voie de passage entre Pantin (93) et Paris, afin de « contenir » les consommateurEs de crack rassemblés au square de la porte de la Villette. « Rassemblés »… par la police, après avoir été délogés des jardins d’Éole, où ils et elles avaient été déplacés depuis les alentours de la place Stalingrad, où ils et elles se trouvaient depuis l’évacuation de la « colline du crack » porte de la Chapelle.

Depuis plusieurs années, la « politique » des autorités vis-à-vis des consommateurEs de crack consiste ainsi à déplacer le problème sans jamais se poser la question de le régler. Le déplacement entre les jardins d’Éole et la porte de la Villette s’est ainsi opéré… en bus, sous la responsabilité de la préfecture de police, avant que les consommateurEs soient laissés à l’abandon et que, quelques heures plus tard, le « mur de la honte » soit construit.

Il ne fait aucun doute que la présence de concentrations de consommateurEs de drogues dures aux effets désastreux comme en a le crack est une question de santé publique majeure, qui pose en outre de nombreux problèmes aux riverainEs, et que l’inaction ne peut être une réponse. Mais les politiques de la mairie de Paris et des autorités gouvernementales font partie du problème, et non de la solution : peut-on sérieusement penser que c’est en déplaçant les concentrations de consommateurEs et en tentant — en vain — de les isoler du reste de la population que la situation sera réglée ?

Seules des politiques de prévention et d’accompagnement, en d’autres termes de véritables politiques de santé publique, pourraient permettre d’envisager autre chose que la perpétuation d’une situation désastreuse sur le plan sanitaire et social. Des politiques qui doivent nécessairement s’accompagner de solutions de soins, d’hébergement et d’une régularisation des sans-papiers. Le trafic et la consommation de crack se développent en effet sur fond de misère sociale, de détresse psychologique et d’exclusion administrative, que la répression ne fait qu’accroitre. Au-delà, c’est bel et bien la question des politiques de pénalisation des drogues et de répression des consommateurEs qui est posée : des politiques avec lesquelles il est urgent de rompre, radicalement.