Publié le Jeudi 27 mars 2025 à 15h00.

Loi « narcotrafic », toujours plus de répression

Narcotrafic, narcoprisons ! À défaut de résoudre quelque problème que ce soit, la proposition de loi « visant à sortir la France du piège du narcotrafic », portée par le binôme réactionnaire Darmanin-Retailleau, et examinée par l’Assemblée nationale depuis le 17 mars, enrichit le vocabulaire répressif.

Le pouvoir macroniste, dans sa course à l’échalote avec l’extrême droite, joue une nouvelle panique morale sur le narcotrafic qui menacerait la République. 

Plutôt que de mettre sur la table une réforme de la loi de 1970 et la dépénalisation de l’usage des drogues illicites, et en premier lieu le cannabis, le gouvernement, soutenu par la droite la plus réactionnaire et l’extrême droite, choisit de continuer dans sa ligne d’une « guerre à la drogue » qui a pourtant échoué partout dans le monde.

Pour cela, il s’en prend de nouveau aux libertés publiques et assume un retour en arrière sur les prisons qui nous ramène à l’époque des quartiers de haute sécurité abolis par la gauche au pouvoir en 1981.

De nouvelles attaques sur les libertés

Le projet de loi attaque directement les droits de la défense en créant un « dossier coffre », c’est-à-dire un procès-verbal distinct, inaccessible aux avocats de la défense lors de l’enquête. Il renforce les pouvoirs de l’OFAST (Office antistupéfiants) qui pourra avoir recours, à l’instar des services antiterroristes, au renseignement algorithmique, pour une « période expérimentale » de deux ans, dont on ne voit pas pourquoi elle ne serait pas prolongée. Comme pour l’usage des drones ou la VSA (vidéosurveillance algorithmique), il s’agit de la même méthode : utiliser des pratiques réservées à l’antiterrorisme pour les étendre progressivement à d’autres champs répressifs.

La mesure la plus controversée, celle qui touche tout un chacunE, et qui pourrait au final ne pas être intégrée, est l’obligation qui serait faite aux plateformes type Signal ou WhatsApp de créer des backdoors, des portes dérobées permettant l’accès de la police à ces messageries cryptées.

Une politique toujours plus répressive

Alors que la situation des prisons est plus catastrophique que jamais, avec un nouveau record de 80 792 personnes écrouées et détenues au 1er décembre 2024, la réponse du gouvernement consiste en la création de « prisons de haute sécurité » pour les détenuEs condamnéEs ou en détention provisoire pour ILS (infraction à la législation sur les stupéfiants) jugéEs « les plus dangereux »

Darmanin, inspiré par sa visite à la prison de Rebibbia à Rome, veut mettre en place un nouveau régime carcéral d’isolement, avec limitation des visites, fouilles à corps systématiques et visioconférence généralisée pour les ­convocations devant la justice.

Comme l’exprime avec justesse l’OIP (organisation internationale des prisons), c’est la torture blanche érigée en modèle, avec les conséquences graves de l’isolement de longue durée sur la santé mentale des détenuEs et l’impossibilité de travailler à des projets de réinsertion. Tout un projet de société que nous combattons !

Alex Bachman