Publié le Samedi 1 mai 2010 à 10h56.

En profondeur !

On voit bien un tournant dans l’action du gouvernement envers la Seine-Saint-Denis. Nous avions eu le « plan banlieue », avec Fadela Amara, puis le « préfet issu de la diversité », avec Nasser Meddah, avec une arrière-pensée ethnique : est-ce qu’on pouvait calmer les habitants du 9-3 en leur montrant des dirigeants ayant les mêmes origines ? Pas vraiment : le plan banlieue était vide de propositions réelles et le préfet a poursuivi les expulsions de sans-papiers sans même une pointe d’émotion. Donc voici revenus les muscles, un commissaire de police comme candidat de l’UMP aux régionales et maintenant l’ancien patron du Raid comme préfet... Plus le président, tout en colère avec ses petits bras musclés, qui nous remet une couche d’insécurité et de violence : violence contre les parents d’élèves, accusés de ne pas envoyer leurs enfants à l’école et bientôt privés d’allocations ! Sauf que toutes les études prouvent que les ados décrocheurs qui ne veulent plus aller au collège ou au lycée le font contre l’avis de leurs parents et que la suppression des allocations ne sert à rien. Violence contre les habitants des cités, accusés de participer à des bandes, accusés de trafic de drogue, accusés et stigmatisés du matin au soir, contrôlés dans le RER, contrôlés dans la cité et qui devraient accepter avec le sourire la relégation, le chômage, et les difficultés. Violence contre tous les habitants issus des immigrations qui sont la proie de toutes les discriminations à l’embauche, au logement, et éternellement accusés d’être des délinquants alors qu’ils sont d’abord les victimes de cette politique. Ce sont les grands patrons qui échappent à l’autorité de la loi, ce sont les banquiers qui trafiquent entre bandes rivales et égarent des milliards issus du travail des salariés, ce sont les plus riches qui ouvrent des comptes dans les paradis fiscaux pour refuser de payer des impôts qu’il faut traquer. Ces patrons organisent une insécurité sociale en licenciant, en délocalisant, en recrutant des précaires et des intérimaires qu’on peut virer à tout moment. Et là, nous sommes d’accord : il faut lutter contre cette insécurité ! Mais ceux-là, bien cachés derrière le bouclier fiscal, bien nourris de toutes les subventions, gavés de retraites chapeau, de « golden hello », ne risquent rien de la part du gouvernement, au contraire ! Tant qu’on acceptera ces déclarations guerrières sans réagir à la hauteur des attaques, elles se poursuivront ! Le NPA appelle tous les partis, tous les syndicats, toutes les associations à se retrouver pour organiser une réponse claire des habitants de notre département pour que le gouvernement nous entende « en profondeur ».... Véronique Decker