Un pays sur deux pratique la torture de façon courante, sans compter ceux qui la pratiquent de façon occasionnelle ou qui la sous-traitent et les structures – antiétatiques et paraétatiques – qui y recourent également. Plus de 30 millions de personnes sont soumises à des peines de privation de liberté chaque année. Lieux, méthodes, victimes, tortionnaires, concours de la médecine dans la pratique de la torture, lois internes, état des ratifications des conventions internationales ou lutte contre l’impunité... les États torturent sans vergogne et ce même lorsqu’ils ont ratifié les conventions l’interdisant et introduit le crime de torture dans leur législation interne. C’est à ce constat accablant que conclut le premier rapport de l’Acat-France, publié le 10 décembre. Ce rapport qui se veut un outil de travail pour des militants ne manque pas d’aborder plusieurs problématiques : le temps de la torture est infiniment plus long que celui, surmédiatisé, de la torture-événement, infiniment longue sera la réhabilitation de la victime. Le tabou de la torture a été progressivement levé et elle s’affiche dorénavant cyniquement sur les écrans. Autant dire que la question de la mobilisation contre une pratique devenue un moyen de gouverner est à l’ordre du jour et se heurte à des obstacles nouveaux, l’un et non des moindres étant l’encouragement qui lui est accordé au nom de la lutte contre le terrorisme, une licence qui constitue un dangereux précédent et pose la question du comment lutter, avec un débat à la clé et une ébauche de réponse : « Agir ET invoquer des principes, n’a pas la même portée que de se contenter d’avoir des principes en tant qu’opinions » ou encore « Il faut défendre une éthique radicale de la situation, qui responsabilise la personne et qui dit : " ici et maintenant, c’est toi. " » Luiza Toscane
400 pages, 15 euros. Livre disponible en version papier ou téléchargeable sur : www.acatfrance.fr/medias/actualités/doc/ACAT_France-Rapport_torture-Dec_2010.pdf