Des dizaines de milliers de personnes ont manifesté contre les violences policières ce samedi, quelques jours après le rassemblement de 20 000 personnes pour Adama Traoré devant le TGI de Paris, porte de Clichy, et une semaine après la Marche des Solidarités. Alors que la crise s’approfondit assortie d’interdiction de manifester, de plus en plus nombreux sont celles et ceux qui ripostent. La situation telle qu’elle se dessine depuis quelques semaines montre un approfondissement de la crise.
Un pouvoir de plus en plus autoritaire mais contesté
La gestion de la crise par le gouvernement Macron comme dans de nombreux pays européens a été assortie de mesures répressives et liberticides. La deuxième phase de déconfinement permet une reprise partielle des lieux de vie mais avec une interdiction de manifester stricte et une augmentation des motifs d’amendes. Ces données, si elles se sont approfondies dans la « période du Covid-19 » ne sont pas nouvelles : les interdictions de manifestations, l’extrême répression des mouvements sociaux, le racisme d’État sont inextricablement liés à la période ouverte par la mise en place de l’état d’urgence en 2015, qui les avait considérablement renforcés.
Le paradoxe de cette situation est que le gouvernement est très contesté, par les mobilisations de ces deux dernières années et par la gestion de cette crise. Fin avril, ce sont d’ailleurs les hospitalierEs qui ont sonné la fin du confinement des luttes. Ces deux dernières semaines ont vu des manifestations des soignantEs sur l’ensemble du territoire.
Contre la violence du système capitaliste et raciste, une riposte d’ampleur
Cette crise continue de produire de la violence à tous les niveaux. La crise du Covid-19 a approfondi les inégalités sociales, la période suivante ne les atténuera pas : des plans de licenciements ont été annoncés chez Renault (fermeture d’au moins trois usines), 3 000 licenciements à Airbus, 500 chez Presstalis... Occupations d’usines, manifestations, la réponse des ouvrierEs menacés de licenciement a été immédiate. Après la Fonderie de Bretagne, MCA Maubeuge et les Fonderies du Poitou, à Choisy plusieurs centaines de personnes ont manifesté samedi 6 juin.
De l’autre côté, la violence du racisme de la police, du racisme d’État visant les migrantEs et les personnes racisées, et de la répression, produit des révoltes en partie spontanées, même si le travail de terrain fait depuis des années par les collectifs et associations antiracistes comme le comité Adama a été essentiel pour que ces mobilisations émergent. Jamais, depuis longtemps, on n’avait pu observer des manifestations antiracistes aussi importantes. La date du samedi 13 juin, appelée par le Comité Adama, aura dans ce contexte une importance particulière.
Unifier les mobilisations, faire converger les luttes, changer de système
La crise politique touche aussi le mouvement ouvrier. De ce fait, le rôle qu’il a pu jouer dans cette dernière période, dite du Covid-19, montre sa décomposition partielle. Si les militantEs syndicaux ont eu un rôle essentiel dans la contestation des attaques sur les lieux de travail, pour soutenir les droits de retrait, les centrales syndicales n’ont pas cherché à organiser la confrontation, que ce soit autour des mobilisations du 1er Mai, en appelant à la grève contre une reprise sans garanties sanitaires et sociales, ou sur la question de l’interdiction de manifester. Alors que la date du 16 juin est maintenant installée dans le paysage comme une date nationale pour la santé, elle devrait justement être une possibilité de faire converger les mobilisations : les luttes contre les licenciements dans les boîtes comme à Choisy, ou à la Fonderie de Bretagne, des luttes dans les hôpitaux notamment des personnels précaires, les mobilisations des travailleuses et travailleurs du groupe Korian, dans la fonction publique contre les suppressions de postes.
Cela montre la nécessité la nécessité de construire l’unité la plus large pour construire ces mobilisations, mais surtout de prendre des initiatives pour faire face aux régressions sociales dont notamment l’explosion du chômage, et à l’État autoritaire, en construisant les dates du 13 juin et du 16 juin comme des dates centrales, première étape d’une riposte d’ensemble. Dans de nombreuses villes, des réunions unitaires ont lieu pour proposer des initiatives, il s’agit de s’appuyer sur elles pour construire une mobilisation nationale.
L’ampleur de la crise pose plus que jamais la question du changement de société et de la stratégie pour y parvenir.