Publié le Samedi 17 avril 2010 à 13h44.

Fièvre Catarrhale Ovine : privatisation de la santé animale et uniformisation des élevages

Des éleveurs bio passent devant le tribunal pour avoir refusé de vacciner leurs troupeaux contre la FCO, considérant les vaccins comme nuisibles. A l’écart du tumulte provoqué par la gestion sanitaire scandaleuse de la grippe A, la fièvre catarrhale ovine (FCO) est un très bon exemple de ce qui se prépare en termes de prise en charge sanitaire de la santé animale et humaine. À l’heure où le sanitaire est coincé entre une volonté libérale de désengagement de l’État du service public de la santé et une stratégie délibérée d’utiliser la réglementation sanitaire pour gérer les échanges commerciaux en uniformisant le monde agricole et en favorisant les industries pharmaceutiques, les perdants sont comme toujours les éleveurs et les consommateurs. Le gouvernement a d’abord essayé de cloisonner des territoires pour ne pas remettre en cause les exportations françaises. Quand la méthode de l’autruche a échoué, il a décidé l’éradication de cette maladie par la vaccination obligatoire et la désinsectisation des élevages (contrairement aux autres pays européens et à l’avis de l’Organisme international des épizooties). Mais ce but est impossible à atteindre. Non seulement la FCO est une maladie trop variable, mais c’est postuler que tous les élevages sont intensifs, qu’il n’y a plus d’animaux sauvages, et qu’enfin, il est possible de dépenser des millions d’euros (100 pour la dernière campagne) pour acheter ces vaccins. C’est passer outre l’évaluation de la dangerosité de ces vaccins, confiée aux industriels, c’est passer outre les modes d’élevage alternatifs qui préfèrent privilégier l’immunité naturelle (comme une bonne partie des agriculteurs biologiques) et la volonté des consommateurs de ne pas manger que de la viande industrielle polluée par les vaccins et autres médicaments. Et enfin, c’est passer outre la nécessité de réduire les traitements, et en particulier les désinsectisations, cause (entre autres) de l’ effroyable mortalité des abeilles. Cette gestion sanitaire est un cas d’école. Le gouvernement délaisse son rôle sanitaire, le confie aux industriels en leur achetant les produits qu’il juge nécessaire de faire utiliser pour tous les élevages. Il refuse donc de promouvoir d’autres méthodes de prophylaxie existantes, et oblige les éleveurs à vacciner. Ces contraintes sanitaires signent la fin des petits élevages et les oblige à s’engager dans un cercle vicieux médicamenteux, nuisible tant pour la santé des troupeaux que pour leur diversité. Face à ces aberrations, il existe un mouvement d’éleveurs qui exigent d’avoir le choix de vacciner ou pas. Après une vague de procès-verbaux, la répression pour non-vaccination contre la FCO passe à la vitesse supérieure : les « refuseurs » sont appelés à comparaître devant les tribunaux. Les collectifs pour la liberté vaccinale, la Confédération paysanne, la Fédération nationale d’agriculture biologique, Nature et Progrès, le collectif des vétérinaires GIE zone verte, appellent à une mobilisation nationale pendant ces procès. Le NPA est solidaire des refuseurs et appelle tous les citoyens à se joindre à leur lutte. Commission agriculture du NPA.La fièvre catarrhale ovine est une maladie des bovins, ovins, caprins, équins ainsi que des animaux sauvages. On la trouvait habituellement dans les régions chaudes, mais du fait du réchauffement climatique, elle peut désormais exister en Europe. Progressivement, par les échanges commerciaux, elle a « colonisé » une grande partie de l’Europe. Elle est caractérisée par des combinaisons de « versions de la maladie » différentes sur les territoires (plus de 24 sérotypes). Elle n’est ni transmissible à l’homme ni contagieuse, car elle se transmet par l’intermédiaire d’un moucheron.