Dans son « Portrait social de la France » publié le 25 novembre, l’Insee livre d’intéressantes statistiques sur le logement, et notamment les inégalités concernant la propriété. On apprend ainsi qu’en France, près d’un quart des ménages (24 %) sont « multipropriétaires », et qu’ils détiennent à eux seuls plus des deux tiers (68 %) des logements possédés par des particuliers. Précisions de l’Insee : « Plus leur niveau de vie augmente, plus les ménages détiennent un nombre élevé de logements. Ainsi, 58 % des multipropriétaires sont aisés ou plutôt aisés, contre 34 % de l’ensemble des ménages. Les ménages multipropriétaires sont plus âgés et plus souvent en couple que l’ensemble des ménages. De plus, leur résidence principale se situe plus fréquemment dans les couronnes des aires d’attraction des villes. La moitié des ménages multipropriétaires possèdent au moins un logement mis en location, contre 13 % pour l’ensemble des ménages. Dès le troisième logement possédé, la propriété immobilière des particuliers est essentiellement à usage locatif. Les ménages possédant plus de logements recourent davantage aux sociétés civiles immobilières. »
Et ce n’est pas tout. Car comme bien souvent en ce qui concerne les richesses, lorsque l’on zoome, on se rend compte qu’un premier chiffre témoignant d’une concentration en cache un second, qui témoigne lui d’une hyper-concentration : ainsi, les ménages propriétaires d’au moins cinq logements représentent 3,5 % des ménages, mais ils détiennent 50 % des logements privés en location. En d’autres termes, une infirme minorité de multipropriétaires possède la moitié du parc locatif privé, et s’assure ainsi de confortables revenus en prélevant une véritable rente sur le dos des locataires. Commentaire de l’Insee : « Cette concentration de la propriété des logements en location reflète une logique d’accumulation patrimoniale ». Et pendant ce temps, selon les estimations de la Fondation Abbé-Pierre, 300 000 personnes sont sans domicile et 4,1 millions sont mal logées. Un monde qui marche sur la tête…