Publié le Mercredi 22 juin 2016 à 10h26.

Ils veulent nous faire taire. Pour le retrait de la loi travail, on est toujours là !

Le mardi 14 juin, la colère et la détermination du monde du travail étaient encore au rendez-vous !

 

Cette journée de mobilisation a été la plus forte depuis le début du mouvement avec 1,3 million de manifestantEs. Après quatre mois rythmés par des grèves ponctuelles, des grèves reconductibles, des actions de blocage de l’économie et des réunions et assemblées générales tous azimuts sur les places, une partie significative des salariéEs est toujours prête à en découdre avec cette politique anti-ouvrière portée par le Parti socialiste aux manettes du pouvoir.

Malgré la propagande capitaliste des Valls et Hollande relayée vaillamment par les principaux médias, exhortant au réalisme économique, pleurant sur les dégradations urbaines et envisageant d’interdire les manifs, les travailleurEs tiennent bon et continuent de battre le pavé semaine après semaine pour le retrait de la loi travail.

C’est qui les casseurs, c’est qui la racaille ?

D’après un sondage de l’Ifop du 18 juin, 60 % de la population considèrent toujours justifié le mouvement contre la loi travail. Pourtant, au soir du 14, Valls et ses sbires n’auront pas lésiné à tenter de faire pleurer dans les chaumières en s’indignant en boucle des vitres brisées de l’hôpital pour enfants malades Necker à Paris.

Mais l’hôpital public aujourd’hui en France ne souffre pas de quelques bris de verre mais de la politique systématique de coupe des budgets qui réduit les effectifs et contraint les personnels à des rythmes inhumains, qui voient jour après jour s’accentuer le délabrement de certains centres hospitaliers et qui privent l’ensemble des salariés de l’égal accès aux soins.

Dans la lignée de tous les gouvernements au service du patronat et de la finance, Hollande et Valls n’ont qu’une obsession : accentuer la part des richesses des capitalistes et réduire la majorité d’entre nous à une main-d’œuvre corvéable à merci, ce qu’elle était au 19e siècle au temps de Zola et de Gavroche ! C’est eux qui cassent nos vies et pillent les richesses que nous produisons, année après année, sans que cela ne nous donne la possibilité de vivre décemment.

Pas question de s’arrêter là !

Depuis quatre mois, la classe ouvrière et la jeunesse reprennent du souffle, reprennent confiance dans la force du nombre. Depuis quatre mois, c’est bien la loi travail et son cortège de précarité, de souffrance, de vies brisées, qui sont rejetés par celles et ceux qui se mobilisent. Mais ce sont aussi et surtout des semaines de reconquête de dignité. Enfin notre camp social relève la tête collectivement, enfin, ces centaines de luttes éparses ont trouvé un point de convergence qui permet de se battre ensemble et non plus chacunE dans son coin.

Alors pas question de laisser croire que désormais, une promesse de petit aménagement de la loi suffirait à nous faire taire. Vendredi dernier, Philippe Martinez rencontrait Myriam El Khomri. Or dans les propositions présentées par la CGT à cette occasion, le retrait de la loi n’est plus fixé comme préalable, le fameux article 2 (celui des accords d’entreprise) est maintenu mais strictement encadré. Alors que dès le début, la question du retrait a soudé l’ensemble des secteurs professionnels, des militantEs de Nuit debout et de la jeunesse, ces propositions ne peuvent être comprises que comme un pas vers le gouvernement et sa ministre du Travail qui fait mine d’être inflexible et droite dans ses bottes.

Pourtant, il est indéniable qu’il y a bien longtemps que le pouvoir n’a pas été autant fragilisé. Le 49-3, la force de la répression policière, les menaces d’interdiction de manifester, les assignations à résidence, et enfin la volonté d’accélérer le vote final de la loi, montrent que leur déni de démocratie est sans limite.

Une seule réponse : continuer la lutte

Leur laisser les mains libres aurait pour résultat une aggravation du caractère réactionnaire de ce projet. Rien qu’au Sénat où la droite est majoritaire, ils ont carrément lâché les amarres en votant le retour aux 39 heures et le plafonnement des indemnités de licenciement !

Alors quand le texte sera de retour à l’Assemblée nationale début juillet, il y a fort à parier que Valls lui redonnera sa forme originelle... et le fera passer avec un petit 49-3.

Tout ce « beau linge » compte sur les deux mois d’été pour amoindrir notre ténacité. Montrons-lui que nous aurons le dernier mot ! Deux journées de grève et de manifestations interprofessionnelles et intersyndicales sont d’ores et déjà programmées. Elles prendront des formes diverses en fonction de la réalité du nombre de grévistes et du nombre de celles et ceux qui seront mobilisés. Mais quoi qu’il en soit, les deux prochaines semaines ne marqueront pas un retour à la normale, à leur « ordre pourri ».

Il s’agit dès maintenant de ne pas laisser la loi être promulguée fin août ou début septembre sans aucune réaction de notre part. Notre préoccupation immédiate est la réussite des prochaines dates des jeudi 23 et mardi 28 juin, en mettant dès maintenant en discussion les moyens de passer l’été et de nous retrouver toutes et tous ensemble dans la rue début septembre pour en finir avec la loi travail et son monde.

Denise Sarraute