Dans le contexte de crise économique et politique actuelle, Sarkozy, relayé par son fidèle « caniche » Besson joue la carte du nationalisme et du racisme: « Il faut réaffirmer les valeurs de l’identité nationale et la fierté d’être français ».Le bilan du gouvernement est catastrophique : 700 000 chômeurs de plus en un an, un gel généralisé des salaires, une précarité grandissante, on est loin du « travailler plus pour gagner plus », sans parler des scandales à répétition… À cinq mois des élections régionales, cette offensive politique vise à ressouder l’électorat qui pourrait s’emparer du vote FN pour protester de la pire des manières contre la politique actuelle.
Besson avoue ouvertement l’objectif politique de cette opération lorsqu’il dit : « Nous n’aurions jamais dû abandonner au Front national un certain nombre de valeurs qui font partie du patrimoine républicain ».On croit rêver, car depuis des années Sarkozy récupère tous les thèmes racistes et sécuritaires du FN afin de phagocyter son électorat. Mais pour que cela marche, il lui faut aller toujours plus loin dans la surenchère. Cette politique n’est pas seulement électoraliste. Elle vise à entretenir les divisions au sein de la classe ouvrière. En faisant de l’immigration un problème, le gouvernement veut faire croire que les étrangers sont une menace, d’où la nécessité de « réaffirmer notre identité nationale ». On trouve des boucs-émissaires qui « piquent le boulot des travailleurs français », on détourne la colère des vrais responsables, les capitalistes. Cet argument fut largement utilisé dans les années qui suivirent la grande crise de 1929, avec les conséquences tragiques que l’on connaît.Sarkozy s’inscrit complètement dans la politique du « choc des civilisations » qui sert de couverture aux campagnes impérialistes en Orient. Lorsque Besson déclare : « il n’y a pas de débat : la burqa est inacceptable et contraire aux valeurs de l’identité nationale », il instrumentalise les quelques centaines de femmes concernées en les diabolisant, il les enferme chez elles alors qu’il faudrait au contraire leur permettre de se tourner vers l’extérieur, ce qui signifie des moyens pour des centres sociaux, des formations gratuites…
La défense de la laïcité, « valeur nationale », ne manque pas non plus de cynisme, alors que Sarkozy fraîchement élu déclarait en 2007 que « l’instituteur ne pourra jamais remplacer le curé ou le pasteur », que le gouvernement ne cesse de multiplier les cadeaux à l’enseignement catholique sous contrat...
En fait, cette campagne de stigmatisation est la justification idéologique de la guerre meurtrière que la France mène actuellement en Afghanistan, c’est la préparation d’une éventuelle guerre contre l’Iran…La gauche devrait dénoncer la manœuvre politique raciste qui ne mènera qu’à opposer les communautés entre elles : blancs contre noirs, occidentaux démocrates contre intégristes musulmans… Or c’est l’inverse ! Ségolène Royal déclare : « ilfaut reconquérir les symboles de la Nation… La Nation, à l’origine, c’est un concept de gauche » et Arnaud Montebourg : « Nous irons défendre les valeurs de la France éternelle ».Pour nous, anticapitalistes, il faut refuser de défendre l’identité nationale. La nation n’est pas un concept de gauche ! C’est au nom de cette identité, de la mission « civilisatrice de la République française » que l’on a colonisé la moitié du monde de 1880 à 1914. C’est au nom de cette République que l’on a assassiné 35 000 Algériens le 8 mai 1945… Contrairement à Ségolène Royal, nous ne sommes pas fiers du drapeau « bleu-blanc-rouge ». Il est devenu le symbole de l’oppression et de l’exploitation.
C’est toujours derrière le drapeau de la nation qu’on a entraîné les peuples dans les guerres mondiales. Manouchian, dont tout le monde se réclame aujourd’hui, ne luttait pas contre les Allemands mais contre les nazis, son drapeau était rouge et non tricolore. Dès le xixe siècle, les premiers socialistes avaient montré que le nationalisme est l’un des pires obstacles pour abattre le capitalisme car il masque les véritables antagonismes, la lutte des classes. Il donne l’illusion que « Français », nous aurions des intérêts communs avec Pinault, Bouygues, Dassault… Il est temps d’agir, en regroupant tous ceux qui veulent lutter contre le racisme, pour la régularisation des sans-papiers, contre l’Europe forteresse et impériale. De Bamako, de Caracas, de Gaza, de Kaboul, d’Alger, de New York… nous devons nous unir autour du drapeau de l’internationalisme, reprenant à notre compte la conclusion du Manifeste du Parti communiste, écrit il y a 160 ans, « Travailleurs de tous les pays, unissez-vous ».
Nous sommes internationalistes et fiers de l’être.Antoine Boulangé