Publié le Mercredi 13 juillet 2016 à 19h39.

Le pouvoir discrédité gagne au 49.3, préparons une rentrée de luttes !

Fin de la première manche... L’adoption de la loi travail le 6 juillet en deuxième lecture (avant le vote définitif prévule 21 juillet), sans vote, est un concentré de la situation politique : la seule force du gouvernement Hollande-Valls, c’est de jouer les institutions antidémocratiques contre les mobilisations.

Cette adoption sans aucune motion de censure pour tenter de s’y opposer montre, s’il en était encore besoin, que cette loi ne pose aucun problème aux parlementaires de droite. Comme on l’explique depuis des mois, « Sarkozy l’a rêvé, Hollande le fait »... Mais elle est aussi le révélateur de l’impuissance des prétendus « frondeurs » qui nous refont le coup du mois de mai, avec un Christian Paul qui déclare benoîtement : « Une nouvelle fois, nous nous sommes battus jusqu’au bout contre le cynisme, les pressions... et la loi travail. 56 députéEs de toute la gauche ont accompagné cette démarche. » On ne parle vraiment pas la même langue !Et pour tous ces parlementaires, qu’importe si un sondage réalisé le lendemain de cette adoption indiquait que 72 % des sondéEs étaient toujours opposés à l’utilisation du 49.3 pour passer en force. Une illustration de plus de la déconnection de ces éluEs par rapport aux préoccupations et besoins de la population.

Refuser de revenir des décennies en arrière

Le gouvernement a été incapable de convaincre la population, il est apparu complètement « sourd » face à un mouvement qui, pendant 4 mois, a trouvé une multiplicité de formes pour affirmer son rejet d’une loi qui fait revenir le monde du travail des décennies en arrière. Le seul dialogue du gouvernement aura été les matraques et les gaz des forces de répression. Car question répression aussi, on est revenu des décennies en arrière. Cela faisait longtemps que l’on n’avait pas vu les dites « forces de maintien de l’ordre » utiliser contre des manifs de masse des armes (charges, matraquages, gazages, grenades de désencerclement, canons à eau) visant à disperser les manifs…sans succès.Plusieurs générations, derrière la jeunesse, ont redécouvert la nécessité de se confronter à l’appareil de répression pour faire respecter le droit de manifester et de s’exprimer. L’utilisation de l’arsenal juridique de l’état d’urgence montre qu’à défaut de lutter contre le terrorisme, il est un outil anti-démocratique contre le mouvement social.Ce passage en force est un aveu de faiblesse politique qui enregistre la rupture du PS avec celles et ceux qui pensaient encore qu’avec Hollande, ce serait différent de Sarkozy. Une rupture qui, si elle n’est pas contrebalancée par des victoires sur le terrain des luttes, profitera au FN qui s’est s’exprimé le moins possible pendant les mobilisations.

Préparer dès aujourd’hui la deuxième manche

Le gouvernement sort donc affaibli de cette première manche, mais il n’est pas débarrassé pour autant de la contestation. Jeudi 7 juillet, plusieurs centaines de personnes se sont retrouvées devant le TGI de Paris où comparaissaient des militants de la CGT, des intermittents, un photographe de Nuit debout, tous interpellés devant l’Assemblée nationale mardi 5 juillet.Ce week-end, les opposantEs à l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes réunis pour leur rencontre annuelle étaient bien plus nombreux que l’année dernière.Après la pseudo consultation et les déclarations fracassantes de Valls, les opposantEs toujours déterminés ont appelé les 8 et 9 octobre à un nouveau rassemblement pour mettre en échec les expulsions annoncées. Et déjà ce samedi 16 juillet, c’est à Bure que se retrouveront les opposantEs au projet d’enfouissement des déchets nucléaires.

L’intersyndicale appelle le jeudi 15 septembre à une nouvelle journée de mobilisation pour l’abrogation de la loi travail. Dès maintenant, nous devons la préparer afin qu’elle marque le début d’une nouvelle phase de la lutte sur la base du bilan que nous pouvons tirer des faiblesses du mouvement de ce printemps. Le moment où le gouvernement a tremblé, c’est lorsqu’il a craint que la grève des raffineries ne s’étende. En septembre, la jeunesse retrouvera le chemin des écoles et universités, et il sera possible de discuter à nouveau de la convergence des luttes pour construire un mouvement de grève qui bloque l’économie. Cette deuxième manche aura aussi pour enjeu l’arrêt de toutes les poursuites, l’amnistie de toutes les condamnations contre les manifestantEs opposées à la loi travail et la levée immédiate de l’état d’urgence, au cas où le gouvernement aurait la mauvaise idée de le renouveler dans quelques jours...

Cathy Billard