À l’évidence, en manifestant leur mécontentement contre les jugements prononcés par le tribunal de Bobigny à l’encontre de policiers faussaires, leurs collègues ont surtout révélé leur surprise et leur incompréhension. Comment, la police n’aurait pas tous les droits ? Elle ne pourrait plus mentir ? Elle aurait des comptes à rendre ? L’impunité ne serait plus la règle ? Il y a effectivement de quoi être surpris ! Dopés par les proclamations martiales de Sarkozy et de ses affidés, certains policiers pouvaient se croire tout permis. Et, d’ailleurs, ils se permettaient tout ! De bavures en bavures, certains tendaient même à rétablir en pratique la peine de mort à l’encontre des jeunes des quartiers populaires, parfois pour des délits mineurs. Sans risques majeurs… puisqu’ils avaient pu jusqu’alors bénéficier de la mansuétude de la police des polices, des responsables politiques, du parquet et de la majorité des juges quand, « par malheur », l’affaire n’avait pu être étouffée à la source, comme c’est la règle quand des policiers sont en cause. Sans compter le soutien sans faille de leur hiérarchie et, bien sûr, des « syndicats » policiers, Alliance ou Synergie, jamais en reste quand il s’agit de dénoncer « le laxisme des juges ». Cette véritable culture de l’impunité n’est pas seulement révoltante. Elle est extrêmement dangereuse puisqu’elle est à l’origine de nombreux drames mortels. Pour ne prendre que les exemples les plus récents : le décès, début décembre à Colombes, de Mahamadou Maréga causée par l’utilisation par un policier d’un pistolet Taser (voir page 4) ou, ce lundi à Marseille, la mort d’un homme tué au flashball, là encore par un policier. Bien sûr, la légitime défense est systématiquement invoquée… Et, bien sûr, Brice Hortefeux se précipite devant les micros pour réciter l’argumentaire commercial de la société qui vend le Taser… On comprend donc la surprise causée par les verdicts de Bobigny. Les policiers condamnés étaient tout juste accusés… d’avoir tabassé un suspect et d’avoir fabriqué un faux procès-verbal, accusant l’automobiliste de leur avoir foncé dessus, un crime qui aurait pu valoir à ce dernier une condamnation à perpétuité. On pourrait penser que le fait que ces délinquants policiers, pris la main dans le sac, aient été sanctionnés soit quand même la moindre des choses !
Eh bien, pas du tout pour Hortefeux qui trouve les condamnations … « disproportionnées ». Il y a pire encore. Utilisant leurs véhicules de service, gyrophares allumés et sirènes hurlantes, une bande policière tente de s’en prendre à la justice : cette attitude purement factieuse aurait dû être condamnée avec la dernière énergie par les pouvoirs publics, eux qui n’ont à la bouche que « l’ordre républicain ».
Pas du tout ! Ils peuvent compter – et ils le savent – sur la complaisance de leur ministre, lui-même, il est vrai, authentique délinquant condamné pour racisme ! François Coustal