Publié le Jeudi 19 septembre 2013 à 09h56.

Lille : des Roms traités comme du bétail

Moins de dix familles relogées dans la région... La semaine dernière, la police a évacué les derniers Roms du camp de Lille-Sud. Ils étaient près de 800 avant l’été, avant que chaque semaine puis chaque jour, la police ne vienne les regrouper dans un espace toujours plus réduit, détruisant caravanes et cabanons de fortune.
Avant cette expulsion finale, plus de 200 Roms s’étaient déjà regroupés sur une friche polluée en périphérie de la ville voisine de Wasquehal. Sans eau, sans électricité, sans sanitaires, dans la boue, loin des établissements où les enfants étaient scolarisés. Avec l’aide des associations, désormais réduites à distribuer quelques baches, ce qui n’évite pas le pire : la mort d’une gamine de 8 ans, quelques mois après celle d’une femme dans l’incendie de sa caravane dans un autre bidonville. Dans la plus grande indifférence, ou presque.
Au lendemain de l’expulsion, huit caravanes et une trentaine d’hommes, de femmes et d’enfants se sont installés dans le centre de Wasquehal cette fois. Aussitôt, le maire est accouru avec le même discours que Martine Aubry à Lille : « insalubrité », « dignité humaine », etc. Rencontre en préfecture le lendemain : « nous allons essayer de traiter cela de la façon la plus humaine possible »... Mauvais présage !

Un « seuil d’acceptabilité » ?
Sous l’ère Sarkozy, Martine Aubry dénonçait l’État et revendiquait de ne procéder à aucune expulsion. « On ne peut pas continuer à accepter que des familles soient chassées d’un endroit sans solution », affirmait le candidat Hollande. Depuis son élection, les destructions de campements se multiplient à Lille et ailleurs, sans proposition de relogement mais « avec humanité » assure l’adjoint chargé de la question...
Les camps se recréent dans les villes voisines, dont les maires en appellent à Manuel Valls pour remettre en cause la libre circulation des citoyens européens dans les pays signataires de l’accord de Schengen (pourtant déjà limitée pour les Bulgares et Roumains)... « Le seuil d’acceptabilité est franchi. Il faut expulser au-delà de notre territoire », affirme le maire UMP de Lambersart, Marc-Philippe Daubresse (Dans la Voix du Nord du 13 septembre), qui fixe le « seuil » à 1 000 Roms pour l’agglomération lilloise, contre 1 500 pour Martine Aubry... Moins bien considérés que du bétail, ils sont actuellement plus de 3 000 sur la région lilloise. Polices municipales et vigiles sont déployés sur les terrains vagues alors que les policiers français sont récemment venus accompagnés d’homologues roumains distribuer des obligations de quitter le territoire français (OQTF) sur les camps de Roubaix, annonçant leur prochain démantèlement.
Face à ces expulsions et déplacements forcés qui redoublent quelques mois avant les élections municipales, la réaction des forces sociales et démocratiques est largement insuffisante. Quelques associations ne ménagent pas leurs efforts pour dénoncer ces pratiques inhumaines et assurer une aide humanitaire minimale, mais l’absence de mobilisation unitaire sur le sujet est un abandon supplémentaire pour les Roms, livrés à eux-même face aux politiques racistes des élus locaux et du gouvernement Valls-Hollande, dans la droite ligne d’Hortefeux et Sarkozy.