Publié le Mercredi 27 mars 2024 à 08h58.

Stop à la spéculation, personne ne doit dormir dehors

La fin de la trêve hivernale prend une gravité particulière. Depuis 2020, le covid et l’inflation, les propriétaires, les bailleurs, l’État ont été obligés de mettre la pédale douce sur les expulsions locatives. Non pas qu’ils aient arrêté les procédures juridiques. Non ! Ils ont retardé l’application des décisions de justice en ne leur prêtant pas le concours de la force publique par crainte d’une explosion sociale. En 2024, la donne a changé et tout concourt pour une politique gouvernementale brutale.

 

La crise du logement est à son paroxysme : à la crise traditionnelle qui frappe les plus précaires, et que rappellent chaque année les chiffres du mal-logement de la Fondation Abbé -Pierre, il faut ajouter celle de l’immobilier capitaliste… en berne !

Plus de sans-abris, moins de logements sociaux

Il n’y a jamais eu autant de mal-­logéEs, de demandeurEs de logement social ; il n’y a jamais eu autant de personnes à la rue. La Nuit de la solidarité, qui a pris Macron au mot, recense chaque année celles et ceux qui dorment dans la rue : 3 492 sans-abris pour la seule région parisienne, en augmentation de 16 % par rapport à 2023, avec un nombre d’enfants en hausse de 20 % ! Mais le ­gouvernement n’en a que faire.

Ce qui le préoccupe le plus, c’est la crise de l’immobilier. La hausse des matières premières, de l’énergie, des taux d’intérêt pour des prêts immobiliers ont fait chuter la demande de constructions neuves qui n’ont jamais été aussi peu nombreuses. Et ce qui assurait aux entreprises des commandes régulières, à savoir le logement social, n’est plus au rendez-vous. Depuis 2017, Macron a tapé dans les caisses des bailleurs (avec le RLS, la TVA, livret A...) entraînant la production de logement sociaux à son plus bas. À peine 85 000, en recul par rapport à 2022, et très loin de ce qu’il faudrait pour répondre aux besoins.

Hausse des impayés de loyers et des expulsions

Alors que l’inflation du prix du gaz et de l’électricité s’est répercutée sur les loyers et les charges locatives (+ 3,5 % en 2023 et + 3,5 % en 2024), les ménages ont été frappés par la hausse des prix des denrées alimentaires (jusqu’à 20 %). Le gouvernement a été contraint de mettre en place des « boucliers tarifaires » censés amortir le choc… et éviter une explosion sociale… en plein mouvement des retraites. Aujourd’hui, c’est fini !

Tous les bailleurs ont constaté une hausse de plus de 10 % des impayés de loyers et, ­mécaniquement le nombre des expulsions locatives va augmenter. 2022 a été une année record avec 35 000 personnes mises à la rue, et rien n’a été fait pour qu’il en soit autrement en 2023. Et, en 2024, 140 000 personnes sont menacées d’expulsion selon la Fondation Abbé-Pierre.

Kasbarian veut relancer le capitalisme immobilier

Terminés les ministres issus de la « gauche macroniste » (Patrice Vergriete et Olivier Klein, juste là pour faire illusion dans les congrès de l’USH (le regroupement des bailleurs sociaux), place à une politique de classe décomplexée ! Et Kasbarian est arrivé. Parfait ministre des propriétaires dans ce qu’il y a de plus rapace, avec sa loi antisquat et anti-locataires endettés. Pour Kasbarian-Attal, l’objectif c’est de relancer le capitalisme immobilier et les profits, pas de résoudre le mal-logement des plus modestes. Plus de tabous (supprimer les APL, par exemple...). Leurs premières déclarations sont claires : remise en cause de la loi SRU avec intégration des logements dits intermédiaires dans les logements sociaux ; priorité donnée au logement des classes moyennes (entendez, cadres supérieurs) ; facilitation de l’accession à la propriété (le pavillon, le rêve français !) ; simplification des procédures pour la construction et l’accès au crédit... Élisabeth Borne avait déjà largement engagé l’offensive en interdisant le relogement des prioritaires DALO dans les quartiers populaires.

Spéculation autour des JO

Cerise sur le gâteau, les Jeux olympiques. On parle de l’héritage de cette échéance pour les habitantEs des villes qui les supportent, en particulier les logements intermédiaires du village olympique. En fait d’héritage, des propriétaires récupèrent déjà leurs biens pour profiter de l’occasion qui s’annonce, quitte à mettre des familles à la rue.

Même dynamique dans les résidences étudiantes, dans les hôtels qui hébergent à l’année. Expulsions des squats, des campements des migrantEs. Comble du cynisme, habituellement les préfets n’expulsent pas les familles avec enfants avant la fin de leur scolarité, mais cette année pas question d’attendre juillet, JO obligent. Le bal des expulseurs veut faire place nette à la spéculation immobilière. Quoi qu’il en coûte. Il y a urgence à se mobiliser !