Les trois dernières manifestations parisiennes contre la loi travail laissent un goût amer à toutes celles et ceux qui y ont participé. Prétextant des incidents ayant émaillé les précédents cortèges, ainsi que les mesures de sécurité liées à la prolongation de l’état d’urgence, le gouvernement et son appareil répressif nous ont – de fait – empêché de réellement manifester.
Ainsi, le mardi 28 juin au petit matin, pour créer l’ambiance, comme lors de la manifestation précédente, la police procédait à des perquisitions en dehors de toute commission rogatoire, et retenait en garde à vue une dizaine de militantEs, syndicalistes, antifascistes, ou qui avaient participé à une manifestation contre l’état d’urgence, les gardant pour certains jusqu’au lendemain.
Dès 11 heures, les participantEs à une assemblée interluttes à la Bourse du travail étaient nassés pour leur interdire de se rendre à la manifestation de l’après-midi. à la même heure, le trajet de celle-ci était hermétiquement entouré par les forces de répression, obligeant les manifestantEs à intégrer le cortège par la place de la Bastille.
Les flics procédaient à une fouille humiliante de tous les participantEs, confisquant aux check-points foulards, lunettes de piscine, hampes de drapeau... Un étudiant allait même être mis en garde à vue pour avoir oublié dans son sac à dos une arme redoutable : un couteau à beurre ! Les flics participant à cette odieuse et inédite fouille de masse avaient pour consigne de souhaiter... « un bon après-midi » à tout le monde, ne faisant qu’attiser la haine et une saine colère des manifestantEs.
Va-t-on négocier le poids des chaînes ?
37 personnes ont été interpellées, plusieurs blessées au cours de tabassages en règle par les « forces de l’ordre ». à l’heure où sont écrites ces lignes, nous ignorons si le scénario grotesque que l’on vient de décrire sera le même ce mardi 5 juillet. Il semble malheureusement que ce sera le cas puisque les organisations signataires de ce nouvel appel à manifester contre la loi travail ont une nouvelle fois renoncé au parcours qu’elles avaient déclaré, acceptant un nouveau tour de manège dans le sens inversé du précédent... à quand la mise en place d’un permis de manifester à points, individuel, délivré par des organisations jugées « responsables » par le pouvoir et validé par la préfecture de police ?
Inscrit dans la Constitution, notre droit à manifester ne peut souffrir les entraves d’un gouvernement autoritaire et illégitime. Les organisations qui continueraient à se plier aux exigences de la préfecture et du ministère de l’Intérieur ne feraient à terme que creuser leur propre tombe. Les anticapitalistes ne seront pas de ceux-là. Il y aurait quelque ironie, après avoir pendant des décennies dénoncé toutes les oppressions et les dictatures sévissant aux quatre coins du globe, à rester passifs devant les menaces de plus en plus précises de l’instauration d’un État policier dans notre propre pays...Toutes les organisations – partis, syndicats, associations – sont concernés par les intolérables atteintes à nos droits collectifs commises par Valls, Cazeneuve et Urvoas. Plus que jamais, manifestons contre la loi travail, l’état d’urgence, et les violences policières.« État d’urgence État policier, on ne nous empêchera pas de manifester ! »
Alain Pojolat