Publié le Samedi 4 décembre 2010 à 00h06.

Marseille. Violence urbaine, violence capitaliste

N’entrons pas dans la polémique consistant à déterminer si la fusillade de la Rose se trouve dans la catégorie du grand banditisme ou dans celle de la crise sociale des quartiers populaires (QP). Le lieu et le mode opératoire de ce drame, le classe de fait dans les deux ! Après tout qu’importe s’il s’agit d’une reprise en main de territoire par telle ou telle association de malfaiteurs, cela regarde la police. Le reste nous interpelle en tant que militantEs ! Le choix fait par les assassins de frapper vite et fort sans considération pour la jeunesse des victimes, l’heure (21 heures) et le mépris des risques de « dommages collatéraux », marque un tournant dans l’histoire de la criminalité dans nos quartiers… Ce tournant vient de loin, il s’inscrit dans un contexte de désengagement progressif mais inéluctable de l’État et des collectivités territoriales. Il faut prendre en compte la réalité du terrain et comprendre ce que signifie concrètement et au quotidien la substitution de l’économie réelle (légale) par l’économie parallèle. Cette économie est au sens strict du terme pour la quasi-totalité de l’organigramme, une économie de survie. La somme des discriminations et des exclusions que subissent les habitants des QP, la paupérisation et la déstructuration sociale et familiale (taux de familles monoparentales nettement plus élevé qu’ailleurs) conduisent un grand nombre de famille à « tolérer » cette fatalité et à accepter l’argent qui va avec. Un argent qui ne sert pas à s’enrichir mais à se nourrir (mal) et à se vêtir (pas cher). Cette question se pose à tous, que proposons-nous comme alternative à ces jeunes gens et aux familles qu’ils soutiennent ? Le choix est pour eux très limité : soit ils vivent misérablement, soit ils vivent dangereusement ! La fusillade de la Rose rajoute un autre choix : mourir jeune et brutalement ! Le gouvernement continue de tourner le dos à cette réalité, par idéologie, par inaptitude totale à l’empathie à l’égard de ces populations. Population dans laquelle nos institutionnels ne se reconnaissent pas, ne s’investissent pas ! Pire, population que la droite et le FN méprisent et rendent responsable du problème. Les femmes victimes de viol et à qui l’on demande comment elles étaient habillées savent de quoi nous parlons ! Le tout sécuritaire comme unique traitement de cette question est un aveu d’incompétence et un crime politique de non-assistance à population en danger ! La surenchère de certains caciques du PS sur le sujet est à vomir et signe la faillite idéologique et l’ampleur du reniement de celles et ceux qui continuent de se dire de gauche. La commission QP n’a pas de solutions clés en mains, mais avec nos camarades du milieu associatif de ces quartiers, les animateurs et l’ensemble des bonnes volontés, nous avons entamé une réflexion autour de cette violence et nous travaillons à l’élaboration d’une série de propositions. Nous explorons la piste de la légalisation du cannabis et la façon dont nous pouvons vulgariser et faire progresser cette idée. Nous travaillons sur la façon dont les militantEs du NPA pourront s’impliquer dans un vaste programme d’éducation populaire et dans le soutien aux habitants des QP dans le cadre de leurs luttes. Réintroduire de l’éducation et de la culture, proposer des solutions économiques viables et durables, voilà nos priorités. Des livres et des convictions à la place des armes ! De la solidarité et des perspectives d’avenir hors du capitalisme, contre le désespoir des trafics, de la précarité et de la compétition meurtrière ! NPA /commission QP 13