Ce lundi 16 janvier, s’est ouvert, au tribunal correctionnel de Grasse, le procès de sept policiers responsables de la mort d’Hakim Ajimi en mai 2008. L’enjeu est de taille et exceptionnel, puisque des policiers se retrouvent sur le banc des accusés : il s’agit de deux fonctionnaires de la BAC poursuivis pour homicide involontaire et de cinq autres policiers, dont des policiers municipaux, pour non-assistance à personne en danger.
Le 9 mai 2008, Hakim s’embrouille avec le directeur d’agence de sa banque, énervé de ne pas pouvoir effectuer un retrait ; c’est alors que deux policiers de la BAC et un policier municipal l’interpellent, l’immobilisent sur le ventre, face contre terre, menotté aux mains et aux pieds. S’ensuit l’arrivée de neuf policiers municipaux, alors que l’un des policiers de la BAC effectue une clé d’étranglement, pendant que l’autre est assis sur le dos d’Hakim, l’immobilisant ainsi pendant dix à quinze minutes. La plupart des témoins affirment qu’Hakim « n’opposait plus de résistance », qu’il n’arrivait plus à respirer, manquait d’air. L’un d’eux dira : « J’ai vu que son visage était tout bleu, puis il a baissé la tête tandis que le policier continuait à l’étrangler. » Pour les policiers de la BAC, Hakim Ajimi a été « l’artisan de sa propre mort ». Les témoins affirmeront qu’il a cherché à respirer jusqu’au bout ; c’est sans doute ce que les policiers traduiront par « il s’est débattu jusqu’au bout » ! Ils diront n’avoir fait qu’appliquer des techniques apprises à l’école de police ! Au premier jour du procès, la discussion a porté justement sur ces techniques d’étranglement, qu’ils nomment dans leur jargon « méthode de raisonnement opérationnel ». Il sera fait mention d’une note interne de 2003, émanant du directeur général de la Police nationale qui limite à « 3 à 5 secondes l’usage d’une technique d’étranglement », et le chef de l’IGPN en octobre 2008 rappelait que « l’immobilisation par compression sur le thorax ou l’abdomen doit être la plus momentanée possible et relâchée dès que la personne est entravée par les moyens réglementaires et adaptés ».
Des déclarations uniquement pour couvrir la hiérarchie : l’hypocrisie et le cynisme sont de mise. Les policiers qui en appellent aujourd’hui à la présomption d’innocence n’ont pas hésité à user de la présomption de culpabilité et à infliger directement la peine absolue : la mort.
Pour la justice et la vérité, pour Hakim, une mobilisation quotidienne devant le tribunal de Grasse est prévue, et un rassemblement unitaire à Paris à la Fontaine des Innocents, le 20 janvier, dernier jour du procès, à 18 heures.
Omar Slaouti