Publié le Mercredi 3 juin 2020 à 11h57.

Pour éviter le retour à l’anormal, union, action, mobilisations !

Tout doit changer pour que rien ne change ? « Jours d’après » ou « jours heureux », ces dernières semaines, Macron, Philippe et leurs amis ont eu plein la bouche des mots qui résonneraient à la mesure de la crise sanitaire et sociale que nous traversons. Pourtant, alors que la « phase 2 du déconfinement » est lancée, avec un sentiment d’autosatisfaction bien déplacé de la part du pouvoir, le monde qu’ils nous préparent risque d’être bien sombre si on les laisse faire.Alors que les médias sont en boucle sur la réouverture des bars et restaurants, cette vie qui reprendrait, d’autres images, d’autres paroles, arrivent jusqu’à nous, annonciatrices du plan de bataille des capitalistes pour ces prochains mois.

La guerre sociale est déclarée

Ce mardi 2 juin, bien loin de l’ambiance ensoleillée des terrasses, Le Maire a préparé une nouvelle fois les esprits : « Le choc économique est extrêmement brutal […]. Le plus dur est devant nous », annonçant une chute historique du PIB de 11 %. La récession pour justifier les attaques les plus dures contre le monde du travail.Certains n’ont pas attendu, assurés à juste titre d’être défendus par ce gouvernement « quoi qu’il en coûte »… Ainsi, quelques jours après avoir reçu cinq milliards d’euros de prêt par l’État, Renault annonçait la fermeture de quatre sites de fabrication en France, soit la destruction de près de 4 000 emplois « Renault » auxquels on peut ajouter les milliers d’intérimaires, prestataires et emplois indirects. Et ce même Le Maire d’annoncer dans la foulée que l’État ne s’y opposait pas ! La semaine dernière, Renault précisait ses projets : suppression de 4 600  postes en France et, au total, de 15 000 dans le monde (8 % de son effectif).

Alors que Pôle emploi a enregistré en avril 850 000 chômeurEs supplémentaires, la pression des patrons sur les salariéEs n’a jamais été aussi forte. C’est ce chantage aux licenciements que fait une entreprise comme Ryanair, en proposant à son personnel de choisir entre une baisse de salaire pendant cinq ans – 20 % pour les plus hauts salaires et 10 % pour les hôtesses et stewards – ou un plan social qui toucherait un quart des effectifs…

« On répond quoi ? Résistances ! »

Lundi 25 mai, la Fonderie de Bretagne (à Caudan dans le Morbihan), un des sites menacés de fermeture, était en grève avec occupation, bloquant ainsi toute la production. Une grève qui a imposé un premier recul de la direction de Renault, celle-ci retirant sa décision de fermeture immédiate. Cependant, la vigilance reste de mise, Senard, le président de Renault, annonçant dimanche dernier que « la Fonderie de Bretagne n’a pas vocation à rester dans le groupe Renault »… C’est ce même Senard – dont on voit ce que vaut la parole – qui a aussi annoncé qu’il n’avait « aucune intention » de fermer le site de Maubeuge (dans le Nord), lui aussi menacé. Peut-être s’agit-il là, malgré tout, des premiers effets de la manifestation réussie samedi matin qui a réuni plusieurs milliers de personnes, salariéEs de Renault et soutiens, au lendemain d’une première journée de grève dans l’usine.

Les mobilisations se déconfinent et le climat commence à se réchauffer. Du côté des hôpitaux, les grandes manœuvres du pouvoir, son « Ségur de la santé », sont à la peine pour désamorcer la colère. Depuis le lundi 11 mai, les rassemblements de soignantEs, accompagnés de celles et ceux qui les soutiennent, se multiplient dans la perspective d’une grande journée de mobilisation pour la santé mardi 16 juin. Est ouverte la possibilité d’une lutte sociale pour un véritable bouclier sanitaire, pour la défense des services utiles à la collectivité – que ce soit dans la santé, l’éducation ou les transports – et pour une autre répartition des richesses – à commencer par une augmentation générale des salaires de 300 euros pour les « premières lignes ».

TouTEs ensemble, soufflons sur les braises !

Fin mars, les ordonnances issues de la loi d’urgence sanitaire avaient déjà tracé la voie : allongement de la durée du travail, suppression de journées de RTT et de congés, déréglementation d’un code du travail déjà bien entamé… Les positions assumées aujourd’hui par Macron, Philippe ou Le Maire n’étonneront donc personne : distribution de centaines de milliards sous forme de prêts, de prise en charge du chômage partiel ou d’annulation de cotisations sociales pour les uns, baisse des salaires, licenciements et suppressions d’emplois pour les autres... Leur « monde d’après » est déjà là et il est pire qu’avant : il faut dire que le virus du profit n’a, lui, jamais reculé !

Même balbutiante, la contestation commence à se réinviter partout : dans les hôpitaux et dans l’ensemble du secteur de la santé, dans les entreprises en butte aux licenciements, suppressions de postes ou fermetures, ou encore dans les luttes antiracistes (avec samedi dernier la réussite de la journée pour la régularisation des sans-papiers qui va connaître une suite le samedi 20 juin). Sur nos lieux de travail et dans les quartiers, l’heure est donc à la mobilisation – car ceux d’en face ne nous laissent aucun répit – et pour cela, nous avons besoin, à l’échelon local comme national, de l’unité de notre camp social, de l’ensemble de ses organisations (syndicats, associations et forces politiques) et de ses collectifs, pour nourrir les colères, pour reprendre l’offensive. Cela reste le meilleur moyen pour préparer dès aujourd’hui notre monde d’après. Il ne doit pas y avoir de retour à l’anormal.