Depuis mars 1987, Georges Cipriani et Jean Marc Rouillan sont en prison. Anciens militants d’Action directe, ils ont tous deux accompli leur peine de sûreté de dix-huit ans pour leurs actions au sein de cette organisation. Pourtant, la justice ne cesse de mettre des obstacles à leur libération.
Georges Cipriani, à qui un jugement du 30 avril dernier avait enfin accordé un régime de semi-liberté, devra encore attendre dans sa cellule du centre pénitentiaire d’Ensisheim, après que le parquet ait fait appel de cette décision, au motif qu’il ne reniait pas son engagement passé. Une nouvelle demande de liberté conditionnelle a été déposée.
Jean-Marc Rouillan devrait aujourd’hui bénéficier depuis neuf mois d’un régime de liberté conditionnelle. Mais en octobre 2008, suite à la publication d’une interview donnée à l’hebdomadaire l’Express, il a été l’objet d’une manipulation médiatique et judiciaire qui l'a renvoyé derrière les barreaux à plein temps. Peu de temps après sa réincarcération, son état de santé s'est dégradé, une maladie grave, rare et évolutive, le syndrome de Chester-Erdheim, est diagnostiquée… Et rien ne se passe! Durant des mois, Jean-Marc Rouillan est laissé sans soins adaptés à la prison des Baumettes. Retarder l’évolution de cette maladie nécessite un traitement expérimental qui ne peut légalement se faire en prison. La justice a décidé le 27 octobre son transfert au centre de détention de Muret… alors que les rares médecins spécialistes de cette pathologie exercent à Paris, à l’hôpital de la Pitié Salpêtrière!
L’acharnement de l’État contre les militantes et militants d’Action directe est sans limites. Après de nombreuses années d’isolement et deux longues grèves de la faim pour en sortir, elles et ils ont connu en permanence les pires difficultés à accéder à des soins. Nathalie Ménigon, victime de deux accidents vasculaires cérébraux, ne sera pas libérée pour raisons médicales. Il faudra une mobilisation importante pour que Joëlle Aubron, atteinte d’une tumeur cancéreuse au cerveau, puisse terminer sa vie libre. Pour Georges Cipriani, rendu malade par l’isolement, une campagne de presse dénonçant un manque de soins, confirmé par le témoignage inquiétant d’un surveillant, sera nécessaire pour que l’administration pénitentiaire daigne enfin s’inquiéter de son état de santé.
Jean Marc Rouillan et Georges Cipriani subissent encore aujourd’hui, un quart de siècle après les actions qu’ils ont politiquement revendiquées, un chantage permanent au reniement. Il est insupportable que la justice s’obstine à exiger d’eux des «regrets sincères». Cette notion de repentance, purement religieuse, n’a rien à voir avec le droit. Ils ont terminé leur peine, ils doivent être libérés!
À l’initiative de différents collectifs de soutien, des initiatives devront être prises pour relancer la mobilisation autour des prisonniers d’Action directe. Le NPA, auquel Jean-Marc Rouillan a adhéré à sa création, prendra toute sa part dans cette campagne.
Pour leur écrire :
- Jean-Marc Rouillan, 9496 A 109, CD de Muret, Route de Seysses, 31600 Muret
- Georges Cipiani, 5250 MC Ensisheim, 40 rue de la 1e armée, 68190 Ensisheim
Alain Pojolat