Publié le Dimanche 11 octobre 2009 à 08h46.

Privatisation, management... nuisent fortement à la santé

Les politiques de restructuration et de « modernisation » engagées dans les entreprises depuis plusieurs décennies ont pour seuls buts de fragiliser le salariat et détruire les statuts des travailleurs. Il s’agit aussi d’atomiser les collectifs de travail et d’individualiser les salariés afin qu’ils produisent toujours plus, pour des profits toujours plus importants..

Si vingt-quatre salariés de France Télécom se sont suicidés en un an et demi, ce n’est pas pour suivre une mode, contrairement aux propos scandaleux du PDG Didier Lombard.

Les contraintes de l’organisation du travail génèrent de la souffrance et ont des conséquences très lourdes sur la santé. Le mouvement de flexibilisation, d’individualisation et d’intensification du travail dégrade l’état de santé global des salariés, tant au niveau physique que psychologique, et touche aujourd’hui l’ensemble des catégories et notamment les cadres, soumis à une course aux résultats et à des rythmes de travail qui s’affolent. On constate, chez France Télécom comme ailleurs, le développement de certaines pathologies (troubles du sommeil, tensions musclulaires, anxiété, irritabilité...) et du recours aux antidépresseurs ou anxiolytiques ou encore l’apparition ou l’accentuation de certains comportements addictifs. Dans une enquête réalisée début 2009 par l’Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail (Anact), 41 % des salariès se déclarent stressés et parmi eux, 98 % attribuent au moins en partie l’origine de ce stress à leurs conditions de travail. Selon l’étude, plus l’organisation du travail est complexe, plus elle engendre le stress.

Mais les troubles dont souffrent les salariés ne sont pas que psychologiques et les discours qui prétendent que les conditions de travail tendraient à s’améliorer ne sont que mensonges éhontés. Dans l’industrie, le bâtiment et les transports, le taux d’accidents du travail reste à un niveau très élevé. En 2008, la Caisse nationale d’assurance maladie a dénombré plus de 700 000 accidents avec arrêt de travail, 44 000 incapacités de travail permanente et 569 décès. Le secteur du BTP représente 8 % du salariat déclaré, mais 18 % des accidents avec arrêts de travail et 29 % des accidents mortels. Les salariés du bâtiment cumulent des conditions de travail très pénibles (contraintes physiques, organisationnelles) et des contrats très précaires (intérim, travail dissimulé…). Dans l’industrie, les travailleurs sont fréquemment exposés à des agents chimiques, les cancers professionnels sont en constante augmentation et le nombre de salariés déclarés inaptes pour des raisons professionnelles reste extrêmement préoccupant.

Le mal-être au travail peut prendre des formes hétérogènes selon le secteur d’activité et le poste occupé, mais son origine est bien l’organisation capitaliste du travail, fortement destructrice pour la santé et l’équilibre des travailleurs : surcharge et mauvaises conditions de travail combinées à une précarité galopante qui déséquilibre encore plus le rapport de forces entre le patronat et les salariés, hiérarchie omniprésente et méthodes de management brutales et aliénantes.

Ne soyons pas dupes. La classe dirigeante fait mine de se soucier de ce qu’elle appelle pudiquement un malaise social… Alors que le numéro 2 de France Télécom a été débarqué pour calmer le jeu, nous ne pourrons compter que sur nous-mêmes, salariés du privé ou du public, pour faire reculer les projets destructeurs pour notre santé et notre avenir. La lutte pour de meilleures conditions de travail n’est pas simplement légitime, c’est une question de survie.

Christel Luce