Publié le Lundi 2 juillet 2018 à 13h56.

Rapport de l’IGPN : désarmer la police c’est urgent !

L’Inspection générale de la police nationale (IGPN) vient pour la première fois d’annoncer les résultats d’une enquête, jugée « parcellaire » par la patronne de l’IGPN elle-même, relative à l’usage de leurs armes par les policiers et au nombre de leurs victimes, tuées ou blessées.

Les données recueillies révèlent un usage des armes en nette progression en 2017. Ainsi le nombre de tirs au taser est en augmentation de 20 %, ceux avec des lanceurs de balles de 46 % et ceux au pistolet semi-automatique de 54 %.

Des armes non létales qui mutilent et qui tuent

L’IGPN se félicite que le taser soit « une arme très dissuasive qui évite les corps à corps musclés ». Certes, pour terrasser une personne c’est une arme très efficace : l’impulsion électrique déclenchée crée une rupture électromusculaire provoquant une décharge électrique violente dans tout le corps, pouvant entraîner de graves blessures et la mort. Le taser c’est de la haute technologie en matière de douleur. Le projet du ministère est d’en équiper d’abord 3 000 policiers et de mettre un taser dans chaque véhicule de police. Pour un coût total de 14 millions d’euros.

Les lanceurs de balles en caoutchouc LBD 40, dites à létalité réduite (!) sont des flash-balls « améliorés » grâce à leur précision, même à une distance de tir importante. Mais leur létalité n’est plus réduite du tout quand les balles sont tirées trop près de leurs victimes ! 

La militarisation de la police est de plus en plus réelle. Ainsi les CRS, qui sont souvent les premiers à expérimenter les nouveaux équipements de la police, peuvent être armés de PGL-65, des fusils mitrailleurs qui propulsent en rafales ces balles de caoutchouc… Quant aux pistolets semi-automatiques, les Sig Sauer SP 2022, armant la police, la gendarmerie, les douanes, ils sont classés comme arme de guerre.

Aujourd’hui, la létalité des armes « non létales » est mise en chiffres par la police des polices. L’IGPN annonce, pour la période de juillet 2017 à janvier 2018 que les interventions des forces de police se seraient soldées par 14 morts et 100 blesséEs ayant entre 10 et 30 jours d’ITT. Soit, officiellement, 2 morts par mois !

Le désarmement de la police, un combat juste

La patronne de l’IGPN se réjouit de faire œuvre démocratique en publiant ces chiffres pour la première fois. Mais une réelle démocratie n’aurait pas accordé aux policiers la présomption de légitime défense à chacun de leur tir, les dédouanant de fait, compliquant ainsi le combat des familles de leurs victimes. Ni de bénéficier des mêmes règles, plus souples, de tir que les militaires, ce qui a eu comme premier effet d’augmenter fortement leur usage des armes. Il n’y a pas de bonnes armes quand elles servent à faire taire les opposantEs aux grands chantiers inutiles et destructeurs, à faire taire ceux et celles qui se battent contre la régression sociale en cours sur tous les terrains, à faire taire la jeunesse dans les facs et les quartiers populaires, à faire taire ceux et celles qui se battent pour l’égalité des droits dont celui de vivre dignement dans ce pays. Les armes servent à asseoir les profits des marchands d’armes, à conduire la lutte de classe contre nos luttes légitimes. Plus ils auront d’armes, plus nous aurons de blesséEs et de mortEs. Oui, il faut désarmer la police !

Roseline Vachetta