Publié le Samedi 19 septembre 2009 à 08h15.

RSA : pourquoi on n'en veut pas !

Ces derniers pourront ainsi abuser des contrats d’intérim, des CDD, des temps partiels et continuer à encaisser les diverses subventions que les collectivités leur accordent généreusement. Leur but étant d’optimiser leurs bénéfices, d’alléger la masse salariale et les cotisations. Par la même occasion, cela affaiblit le lien syndical qui unit les travailleurs, maintenus dans la pauvreté par des contrats précaires dévalorisants et dépourvus de perspectives d’avenir. De plus, cette mesure dite de solidarité sera financée exclusivement par les travailleurs, le bouclier fiscal exonérant les plus riches de tout nouvel impôt direct ou contribution à la société.  

Les premiers effets du RSA

Le RSA est expérimenté depuis 2007. Un premier bilan montre que 9 % des précaires auraient retrouvé un emploi grâce au RSA. Mais, seuls 28 % d’entre eux bénéficient d’un « emploi durable » - c’est-à-dire un CDI ou un CDD de plus de six mois… et à peine  
25 % d’un temps plein. En outre, le revenu moyen (salaire/RSA/prime pour l’emploi) s’élève à 900 euros, soit, pour certains, une véritable régression. Généralisé depuis juin dernier, le RSA s’adresse à  
3,5 millions de ménages. Or environ 10 % seulement en a réellement profité, alors que 8 millions de personnes (soit 13 % de la population) vivent toujours en-deçà du seuil de pauvreté (880 euros  
par mois). Certains bénéficiaires potentiels seraient donc encore méfiants ? Davantage de contrôles,  
un formulaire intrusif pour la vie privée (fichage administratif et fiscal), une restauration de l’obligation alimentaire (aide matérielle versée à un proche sans subsistance), un dispositif kafkaien, de quoi être réticent ! Mauvais bilan pour Martin Hirsch qui joue là sa notoriété de bon samaritain.

Pendant que le gouvernement renforce sa stratégie de communication pour nous convaincre des bienfaits du RSA, voici cinq bonnes raisons de ne pas cautionner les stigmatisations et les menaces sur les précaires. Nous ne voulons pas Rester Sans Argent !

Le chômage n’est pas un choix

La volonté de contraindre les détenteurs de minima sociaux à la reprise d’un travail fait croire que le chômage serait volontaire et que les minima sociaux décourageraient la reprise d’emploi. Cette analyse, insultante pour les personnes privées d’emploi, est un mensonge. Selon une enquête récente de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees), 28 % seulement des Rmistes ne recherchent pas d’emploi, et parmi eux, 40 % pour des problèmes de santé. De plus c’est économiquement absurde puisque l’offre d’emploi n’est pas infinie, surtout en temps de crise. Cet a priori complète l’idée fausse selon laquelle le coût du travail serait trop élevé en France, alors que ce sont les taux de profits qui sont trop hauts.

C’est pourquoi nous revendiquons une augmentation des revenus de 300 euros pour tous, ainsi qu’une revalorisation du Smic à 1 500 euros net. 

Inefficace pour retrouver un travail

Cohérent avec le principe selon lequel il faudrait « travailler plus, pour gagner plus », le RSA renforce la valeur travail par rapport à la solidarité. Sauf que le travail ne paye plus, d’ailleurs pour beaucoup, il n’y en a plus ! Le nombre d’inscrits à Pôle Emploi a franchi les 4 millions de personnes et le nombre d’offres a diminué de 50 %. Les problèmes de santé, de transport, de gardes d’enfants… sont des freins plus importants pour reprendre un travail, que le manque d’incitations financières. Avec le RSA, les conditions de travail des salariés débordés et stressés de la Caisse d’allocations familiales et de Pôle Emploi s’aggravent. Ce dernier accuse le coup de la fusion ANPE-Assedic et l’augmentation du nombre d’inscrits. Les CAF font face aux effets de la crise avec une fréquentation en augmentation de 12 % au premier trimestre 2009 par rapport à 2008. Il faut développer des services publics de qualité, diminuer la durée du travail et créer de l’emploi pour que TOUS travaillent moins et gagnent plus ! Cela nécessite de repenser le travail en fonction de nos besoins et de façon à respecter l’environnement. 

Les contrats précaires privilégiés

La précarisation de l’emploi risque de s’accélérer avec le RSA qui fonctionne comme une subvention aux entreprises pratiquant des politiques de bas salaires et d’emplois précaires. Tous les types de contrats précaires et sous-payés sont favorisés, puisque les chômeurs se retrouveront sous la pression du contrôle permanent avec menaces de radiation, les rendant corvéables à merci. Le revenu minimum est supprimé de fait, le droit du travail est remplacé par le droit de travailler. Le RSA, véritable générateur de précarité, illustre bien le projet libéral visant à flexibiliser le marché de l’emploi pour en dégager plus de profits. Mais cette insécurité sociale n’est pas une fatalité. Refusons le travail forcé et les petits boulots aux conditions dégradées, sous-payés, exigeons un droit à un emploi de qualité pour tous. Il faut interdire les licenciements par une obligation imposée solidairement au patronat de maintenir les contrats de travail et de transformer les emplois précaires. 

Les femmes encore plus fragilisées

Le RSA fait l’apologie du temps partiel chez les femmes. Celui-ci constitue une autre source de flexibilité pour les entreprises, ce qui a contribué à la progression du nombre de « travailleurs pauvres », particulièrement parmi les mères célibataires. 82 % des salariés à temps partiel sont des femmes. Le RSA contribue à précariser les femmes, voire à les renvoyer à la maison. En effet, dans le cas d’un couple, le RSA amène un Smic plus rémunérateur à l’un, mais des études de la Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares) montrent que le gain est réduit pour l’autre, le plus souvent la femme. Or, lorsque la garde des enfants pèse plus dans les dépenses qu’un retour à l’emploi, le choix est vite fait. Résultat, une aggravation des inégalités salariales. La lutte contre la précarité passe donc par l’arrêt des discriminations sous toutes leurs formes (raciste, sexiste…), par l’égalité salariale entre les hommes et les femmes, par la continuité des droits sociaux (revenu, formation, logement, santé) pour tous, étudiants, salariés, chômeurs, personnes en congés parentaux...  

Les jeunes davantage exploités

Le Livre vert de Martin Hirsch, rendu public avant l’été annonçait un projet d’extension du RSA aux jeunes salariés de moins de 25 ans, actuellement privés de toute forme d’assurance chômage. Loin d’être un progrès, cela constituerait une extension de la précarité et une mise en concurrence accrue des salariés en CDI et en contrats précaires. La logique du RSA est de créer un sous-salariat surexploité. Cela passe inévitablement par une instrumentalisation de la jeunesse, variable d’ajustement pour maintenir à tout prix les taux de profits et briser les acquis collectifs des salariés.

Une loi-cadre mettant en application les revendications du Livre vert est prévue pour l’automne. Pour mettre en échec la généralisation de la précarité, il faut, plus que jamais, lutter contre les différents types de contrats sous-payés réservés aux jeunes. Un CDI pour tous, une allocation d’autonomie égale au Smic pour tous les jeunes de 16 à 25 ans, en formation ou en recherche d’emploi. 

Que faire contre la précarité ?

La précarité n’est pas une fatalité, de nouveaux droits sociaux doivent renverser ce climat angoissant d’incertitudes. Plus que jamais, la lutte contre la précarité doit être liée à une perspective anticapitaliste, pour en finir avec cette société et toute forme d’exploitation et d’oppression. 

Le 17 octobre, manifestons 

Une manifestation nationale est organisée par le Collectif droits des femmes pour dénoncer les effets de la crise, la place des femmes dans la société, les inégalités dans le monde du travail : http://www.collectifdroitsdesfemmes.org 

Le 5 décembre, marches régionales

Des marches régionales organisées par le collectif Droits nouveaux (associations, syndicats et partis politiques) auront lieu pour dénoncer la précarité et les licenciements. Ces marches aboutiront en manifestation dans les grandes villes, le 5 décembre. Pour participer, contacter : agdesprecaires@gmail.com