Le 6 février dernier, le candidat socialiste a détaillé ses mesures sur la sécurité et la lutte contre la délinquance. C’est donc à Dijon, ville dirigée par le sénateur-maire François Rebsamen chargé des questions de sécurité du PS, que François Hollande a décidé d’être « crédible » et « ferme » sur cette question : « Je veux être efficace [...], je ne me contente pas de mots, de formules », a-t-il insisté, ajoutant son intention de « lutter contre les bandes et les trafics qui constituent une menace de plus en plus présente et un risque pour les plus jeunes ». Réaffirmant ainsi ces propos tenus au meeting du Bourget, le 22 janvier, où il avait averti « les petits caïds » et « les fraudeurs » que « la République les rattraperait ».
Poursuite de la politique de SarkozyConcernant la lutte contre la délinquance des mineurs, trois principes ont été énoncés : la célérité de la réponse pénale, sa différenciation suivant le profil du délinquant et la cohérence de l’ensemble des dispositifs. Justifiant que la « contention est parfois nécessaire pour protéger le jeune et la société », alors que le PS y était initialement opposé, François Hollande a promis le doublement des centres éducatifs fermés (CEF) pour mineurs comme le propose le projet de loi sur l’exécution des peines que défend actuellement le gouvernement Sarkozy. Une mesure à budget constant (crise oblige), ce qui suppose donc de transformer des foyers classiques en CEF, comme le fait déjà le gouvernement actuel. À l’origine uniquement destinés aux mineurs multirécidivistes comme substitut à l’incarcération, les centres éducatifs fermés, très coûteux (600 euros par jour), ont été élargis aux mineurs primodélinquants en 2011 par la Loppsi 2.
Les objectifs affichés, voire les moyens revendiqués, ne sont pas éloignés de ceux de Sarkozy et son gouvernement. François Hollande a même admis que « si la politique du chiffre a été beaucoup critiquée, nous avons aussi besoin d’évaluation et de connaître les faits ». Plus inhabituel encore, François Hollande a consacré la fin de son intervention à la place des victimes : « Nous avons un devoir à l’égard des victimes. Elles doivent savoir ce que devient le jeune délinquant, elles doivent être associées au processus », reprenant ainsi un des thèmes favoris de Nicolas Sarkozy qui, quelques semaines avant, à Dijon, avait lui aussi mis les victimes au centre de son intervention.
François Hollande a toutefois pris soin de ne pas rester sur le seul registre répressif. Il a annoncé vouloir mettre en place des « contrats locaux de prévention de la délinquance » conclus entre l’État et les collectivités locales. Ainsi qu’une centaine de « zones prioritaires de sécurité » qui bénéficieraient de moyens renforcés. L’insécurité est d’abord sociale François Hollande n’a donc pas tiré les leçons des années précédentes et se place sur le même terrain que la droite. Il en oublie d’aborder l’essentiel du problème : le chômage de masse qui frappe, tout de même, 35 à 40 % des jeunes de moins de 25 ans dans les quartiers populaires ; la grande souffrance sociale, les échecs scolaires, les problèmes de logements ; le manque de services publics de proximité... bref il en oublie l’urgence sociale. Pour le NPA et son candidat Philippe Poutou, l’urgence n’est pas d’enfermer les jeunes mais de développer et étendre les services publics en particulier dans les quartiers populaires, d’augmenter les subventions aux associations de terrain et aux politiques de prévention, de mettre en place une politique qui mette au centre la formation et l’emploi. La lutte contre le chômage doit être une priorité, ce qui signifie l’accès à un emploi stable et correctement rémunéré pour tous et toutes, quels que soient le lieu d’habitation, l’origine, la couleur de peau. Contre le fait colonial qui marque notre société, la reconnaissance de la diversité culturelle va de pair avec l’égalité des droits. Contre le tout-sécuritaire, les brigades anticriminalité (BAC) doivent être dissoutes ainsi que l’ensemble des lois sécuritaires de Sarkozy.
Sandra Demarcq