Publié le Samedi 2 juillet 2011 à 18h33.

Sorties scolaires, Mamans toutes égales !

Le 15 avril, l’UMP lance son « grand débat sur la laïcité ». Parmi les mesures annoncées figure l’interdiction pour les accompagnateurs de sorties scolaires du port de signes religieux ostensibles, c’est-à-dire, en clair, l’interdiction des sorties pour les mères portant un foulard. Il s’agit d’étendre le principe de neutralité auquel sont astreints les fonctionnaires à « l’ensemble des personnes collaborant à un service public », y compris « de manière occasionnelle ».

Derrière le paravent de la laïcité, ce sont les musulmans qui sont visés et les femmes qui en font les frais. En la matière, la droite pratique ouvertement le deux poids deux mesures. À Paris, cette année, une religieuse s’est ainsi présentée en « habit » pour participer aux réunions de correction du bac. Cela ne pose pas de problème au rectorat de Paris qui déclare : « l’enseignante n’étant pas fonctionnaire puisque travaillant dans le privé, n’était pas tenue à l’obligation de laïcité ».

En s’investissant dans la scolarité de leurs enfants, les parents d’élèves exercent leur rôle sans entrer dans la fonction pédagogique des enseignants. À ce titre, ils ne devraient pas être soumis à l’obligation de neutralité, et pouvoir comme tous les citoyens bénéficier de la liberté d’expression, notamment religieuse. Le principe de laïcité est ici complètement dévoyé et ne constitue qu’un prétexte à une mesure supplémentaire stigmatisant les musulmanEs.

Cette pratique existe déjà dans certaines écoles avec le soutien du ministère de l’Éducation nationale. À Montreuil (93), l’inspection d’académie a pris l’initiative de s’adresser à chaque directeur et directrice d’école pour l’enjoindre de mettre à l’écart les mères portant un foulard. Des sorties ont été annulées. Cette mesure a des conséquences désastreuses : les enseignantEs sont somméEs de faire le tri entre « bons » et « mauvais » parents ; les relations entre l’équipe enseignante et les parents se dégradent, des sorties deviennent impossibles faute de personnes pour accompagner. Surtout, des mères investies dans la vie de leur école en sont exclues, elles et leurs enfants se sentent humiliés.

Il est difficile de mesurer l’ampleur actuelle de ces discriminations : dans bien des cas, les mères, sans recours, subissent la situation en silence. Mais fort heureusement la mobilisation se construit et des motions ont été votées dans certains conseils d’école à l’initiative de parents ou d’enseignantEs. L’intervention unie des parents d’élèves a pu également faire cesser l’exclusion. Surtout, des mères en proie à la discrimination ont été à l’initiative d’un collectif de défense, « Mamans toutes égales », avec le soutien d’associations et d’organisations politiques dont le NPA. Les objectifs du collectif, qui tenait dimanche 26 juin sa première réunion publique, sont doubles : - favoriser l’organisation des mères discriminées, recueillir les témoignages et engager des recours juridiques ; - créer un large mouvement d’opinion, en s’adressant à toutes les forces du mouvement antiraciste, pour favoriser la construction d’un rapport de forces national.

Pour le moment, le gouvernement semble hésiter à proposer un projet de loi. Il n’est cependant pas exclu que le ministre de l’Éducation envisage des initiatives à la rentrée, éventuellement au cas par cas. Dans tous les cas, la mobilisation est à l’ordre du jour contre la stigmatisation de la population musulmane, pour l’égalité des droits de tous les parents, de toutes les mères d’élèves. Mamans toutes égales !

Capucine Larzillièrehttp://mamans-toutes-egales.tumblr.com/