Ainsi c’est Thierry Le Paon, représentant de la CGT au Conseil Economique Social et Environnemental qui semble devoir être le prochain secrétaire général de la confédération.Les militantEs de base de la CGT sont peu affectéEs par les péripéties de la succession de Bernard Thibault. Tout juste l’étonnement devant ce qui apparaît comme une énorme perte d’énergie et l’agacement provoqué par les remarques ironiques des patrons ou des militantEs des autres organisations syndicales. La décision finale reviendra au Comité Confédéral National qui se prononcera par vote les 6 et7novembre.Ainsi donc la tragi-comédie se termine sans que les enjeux politiques apparaissent clairement.Tout juste doit-on mettre en avant le fait que Thierry Le Paon est le candidat, certes par défaut de Bernard Thibault, mais permet de repousser définitivement la candidature d’Éric Aubin. Mais de ce fait la position de Le Paon apparaît d’ores et déjà fragilisée par les soubresauts de sa désignation et aussi par les rumeurs plus ou moins organisées autour de sa personnalité et de sa trajectoire. Ainsi les salariées de Moulinex, entreprise dont il était l’animateur du syndicat CGT du site de Basse-normandie sont partagées sur son positionnement lors de la bataille contre la lutte contre la fermeture de l’usine. De même sa participation à un cercle confidentiel de dialogue avec le patronat, le club Quadrilatère, voir ses liens plus improbables avec les cercles francs-maçons font jaser en interne. Ainsi fragilisé pourra-t-il imposer à l’ensemble de la Confédération les évolutions que Thibault a échoué à faire accepter? L’évolution des structures professionnelles, territoriales pourrait ainsi être encore repoussée.Mais l’enjeu décisif est le positionnement de la CGT dans le dialogue social initié par le gouvernement et dans lequel se sont d’ores et déjà engouffrées les autres confédérations au coté des représentants patronaux. La trajectoire de Thierry Le Paon n’en fait pas l’homme des ruptures. Pourtant c’est bien une rupture qui est nécessaire : refus du diagnostic partagé qui a plombé les mobilisations sur les retraites ou la défense de la protection sociale. L’acceptation du cadre de discussion dans lequel s’inscrit la mise en place d’un cadre législatif permettant la généralisation des accords emplois-compétitivité est déjà problématique. Toute acceptation des présupposés de tels accords, c’est-à-dire l’acceptation de l’austérité et surtout de la nécessité d’en partager les conséquences engagerait la confédération sur une voie désastreuse pour les salariéEs.Robert Pelletier
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