Macron et son gouvernement, Valérie Pécresse, la présidente de la Région Île-de-France, et Anne Hidalgo, la maire de Paris, nous ont souvent menti. Aussi, lorsqu’iels nous ont annoncé que l’accueil des Jeux olympiques et paralympiques serait une grande fête populaire, bizarrement, beaucoup de gens ne les ont pas cru·es.
Les raisons de se mobiliser contre l’organisation des JOP ne manquent pas. Chaque parcelle de leur organisation est une attaque des classes populaires. D’abord, les lieux choisis pour accueillir physiquement les sportifs, les journalistes et les professionnel·les qui travailleront sur les JOP, qui étaient déjà occupés et utilisés par les habitant·es : par exemple, une partie du parc de La Courneuve (où avait lieu auparavant la Fête de l’Humanité) ou encore les jardins partagés d’Aubervilliers. Construire dans le 93, ce qui est présenté comme un cadeau par les organisateurs, revient donc à chasser les classes populaires de leurs lieux de vie.
Une pluie d’attaques
Le fait que les pauvres ne sont pas les bienvenu·s pendant les JOP a été prouvé de façon assez crue également par le déplacement des personnes sans domicile hors de la Région Île-de-France et par la réquisition des chambres des étudiant·es pour y loger les forces de l’ordre. En effet, la menace terroriste, extrêmement mise en avant, devient le prétexte pour renforcer la présence policière, et pour multiplier les innovations en matière de contrôles par les caméras de vidéosurveillance.
Ce sont non seulement les droits des habitant·es du 93 mais aussi ceux des travailleurs/ses qui seront ouvertement bafoués, car les bénévoles qui participeront aux JOP sont en réalité des travailleurs/ses qui ne seront pas payé·es, tandis que celleux qui travaillent dans les zones accueillant les JOP verront leurs conditions de travail se dégrader fortement.
Enfin, la présence de l’équipe d’Israël, pendant que son gouvernement organise le génocide des Palestien·nes, pose un débat auquel les organisateurs des JOP ont répondu en demandant aux athlètes russes de concourir sans leur étiquette nationale. Autant de raisons de se mobiliser contre les JOP dont se sont saisis des groupes militants, des collectifs, des syndicats et des associations depuis plus d’un an.
défendre nos quartiers
L’implantation forcée de bâtiments prévus pour les JOP a révolté les habitant·es, qui ont entamé plusieurs mobilisations en parallèle : il n’était pas question de renoncer au peu d’espaces verts dans les communes limitrophes de Paris. Plusieurs collectifs se sont donc montés. Ils ont organisé la mobilisation et ont même pu gagner sur certains aspects. Ainsi, après plusieurs années de mobilisation, les jardins partagés d’Aubervilliers ont pu rester en place. Mais les lieux qui sont sortis de terre étaient trop nombreux pour qu’il puisse y avoir des mobilisations sur chacun d’entre eux.
En parallèle, Saccage 2024, un collectif militant rassemblant plusieurs dizaines de personnes, s’est monté avec l’objectif de faire en sorte que les JOP n’aient pas lieu.
Une mobilisation des syndicats
Plusieurs catégories de travailleurs/ses participeront directement à la réussite de JOP, notamment, les hospitalier·es, les cheminot·es, les agent·es de la Ville de Paris. Ces travailleurs/ses, avec le soutien de leurs syndicats, ont fait plusieurs journées de grève, avec le mot d’ordre « les JOP ne se passeront pas sans nous » : iels exigent le versement d’une prime et refusent les « exceptions » en matière de conditions de travail qui deviendront la règle après l’été 2024.
La victoire de ces journées de grève est variable et partielle selon les branches. Si l’État a cédé sur les primes pour une partie de ces travailleurs/ses, il continue à diviser les équipes qui n’auront pas les mêmes primes, et ne lâche pas sur les changements organisationnels du travail.
L’objectif de l’État et des différents employeurs est d’écraser les travailleurs/ses tout en brandissant le prétexte des JOP qui devraient être « une grande fête populaire ». Pourtant, les syndicats se sont contentés de journées de mobilisation par branche, parfois sans avoir tenté la construction d’une intersyndicale, pour gratter quelques menues avancées sectorielles, sans concevoir l’attaque comme une attaque de l’ensemble des travailleurs/ses du territoire.
Les difficultés d’une inter-organisation
À l’initiative de Saccage 2024, une inter-organisation s’est réunie pour tenter de coordonner les différentes luttes, avec la participation des collectifs, des associations, des partis politiques dont le NPA L’Anticapitaliste, la CNT. Malgré les tentatives, les unions départementales des syndicats ou des partis politiques de gauche ont été les grand·es absent·es. Ces organisations ne se sont pas posé la question de réunir elles-mêmes une inter-organisation pour tenter de résister.
Malgré le mérite qu’elle avait d’exister, l’inter-organisation impulsée à l’initiative de Saccage 2024 n’a pas réussi à structurer la mobilisation en Île-de-France, notamment à cause du refus de construire des initiatives communes en se limitant au soutien des mobilisations des un·es et des autres, sans que cela devienne une mobilisation d’ensemble.
Dans l’ensemble, les résistances ont existé, et ont même pu gagner localement, mais force est de constater que nous n’avons pas réussi à construire une mobilisation d’ensemble à la hauteur de l’attaque que constitue l’organisation des JOP.