Publié le Lundi 17 octobre 2016 à 07h33.

Vers un front commun contre les violences policières et l’état d’urgence ?

Mon agression par deux policiers, alors que je tentais de filmer l’interpellation violente d’une femme noire jeudi 22 septembre (voir interview dans l’Anticapitaliste n°353), est devenue une véritable affaire politique et médiatique...

Pourtant, ce qui est arrivé est banal dans les quartiers populaires. Où en est-on deux semaines plus tard ?

Le dossier juridique s’est étoffé, avec l’arrivée de deux témoins de ce qui s’est passé. Ensuite, un second plaignant, victime de violences de la part du même dispositif policier, est venu ajouter sa plainte à l’affaire. Les policiers incriminés, eux, ont fait des déclarations farfelues m’accusant d’avoir appelé à la révolte en criant : « tous ensemble, allons libérer cette innocente », et affirmant qu’ils avaient « les cheveux en pétard » contrairement à ma description. Des dires que les vidéos que j’ai pu récupérer suffisent à démonter.

Les violences policières en discussion

La médiatisation de cette affaire est un point d’appui pour dénoncer les violences quotidiennes de la part de la police, et, au-delà, du glissement autoritaire et sécuritaire en cours. Il est impressionnant de voir affluer les témoignages, à l’oral et via la boîte mail ouverte1. C’est une boîte de Pandore qui s’ouvre, et qui révèle ce que produit au quotidien le racisme d’État, mais aussi l’état d’urgence permanent. C’est aussi pour freiner cela que le gouvernement utilise l’histoire des policiers attaqués à Viry-Châtillon, pour exiger que tout le monde se prosterne à nouveau devant la police. Quant au syndicat Alliance, il demande carrément que l’impunité policière soit inscrite dans la loi !

Une dynamique de lutte sur Saint-Denis

La conférence de presse du jeudi 6 octobre à la mairie a permis de poursuivre la dynamique de construction d’un collectif contre les violences policières à Saint-Denis. Elle se tenait juste avant le procès de Nicolas Jounin, qui a permis de mettre en lumière les pratiques de la police nationale sur la ville. Le plaidoyer de la Procureure a reposé sur l’affirmation qu’il n’était pas possible de remettre en cause la parole du commissaire de Saint-­Denis, qui assure identifier Nicolas Jounin par sa calvitie... alors qu’il portait un bonnet au moment des faits !

Après la réussite du meeting « Faisons front ! »

Jeudi 6 octobre à la fac de Tolbiac, un meeting a réuni du monde (600 personnes) et dessiné des jonctions importantes : Assa Traoré, Amal Bentounsi, mais aussi Romain Altmann de la CGT InfoCom, Mickael Wamen qui a envoyé un texte, Sihame Assbague. Et dans le public des étudiantEs, des cheminots, des profs, etc. Un tel succès imposait de ne pas en rester là. TouTEs les participantEs ont déjà convenu de construire ensemble la montée à Amiens contre la répression les 19 et 20 octobre. Et « Faisons front ! » pourrait devenir le nom d’une plateforme regroupant syndicalistes, collectifs intervenant dans les quartiers populaires, étudiantEs, universitaires, etc.

Guillaume Vadot