Vendredi 16 juin, nous étions, avec les enfants et petits-enfants de Danièle, une petite foule d’amis et de camarades qui l’accompagnaient à sa dernière demeure, au cimetière du Montparnasse. Sept ans après le départ de son mari, notre camarade Didier Poupardin, Danièle avait choisi de résister avec opiniâtreté à la maladie. Au travers des hommages qui lui ont été rendus, avec amour et reconnaissance, on a pu évoquer plusieurs pages de l’histoire de la gauche radicale dans le Val-de-Marne.
Médecin, psychanalyste et militante à Vitry
Médecins coopératifs dans un des quartiers les plus pauvres de Vitry, à la limite d’Ivry, les Poupardin ont été pendant des années des références pour nous et pour bien d’autres, dans leurs combats pour une médecine intégrale et égalitaire, dans leur refus d’appliquer les consignes de saucissonnage des patients et dans leur lutte contre l’ordre corporatif des médecins. Mais, psychanalyste autant que médecin, Danièle ne se laissait pas enfermer dans un seul terrain d’action. La très belle notice que lui a consacrée le « Maitron » donne une idée de la variété de ses pratiques, depuis son militantisme au PCF, puis ses combats dans la LCR, en particulier au conseil municipal de Vitry, jusqu’à son activité au MRAP et son investissement comme retraitée dans une forme collective d’alphabétisation, pensée aussi comme accès à la culture.
Campagne autour de Sohane en 2002
Il faut en particulier signaler l’importance qu’elle a eue dans la campagne autour de Sohane Benziane, du nom de cette très jeune fille qui fut victime, en octobre 2002, de ce qu’on n’appelait pas encore un féminicide, brûlée vive dans un local poubelle par un ex-condisciple de lycée. Danièle joua un rôle important dans la campagne que nous avons alors collectivement menée pour dénoncer ce crime et pour que le procès de l’assassin soit mené à son terme, après une patiente série de réunions et de discussions menées essentiellement en direction des élèves et des jeunes sur le thème du « Plus jamais ça ». On ne fera donc pas ici le tour de la personnalité et des passions de Danièle, dont il importe aussi de dire que la musique classique était une de ses ressources majeures.
Enfant juive protégée par des parents clairvoyants pendant la guerre, elle savait avoir été une rescapée et, au travers d’un long parcours militant, elle s’est toujours vécue comme devant transmettre une action de protection des exploitéEs et des humiliéEs.
Dire qu’elle nous a manqué et qu’elle nous manquera est une formule faible. Nous adressons toute notre amitié à ses proches.
Pour ses amis de la LCR et du NPA, Serge Aberdam