Le NPA a été invité à passer quelques jours sur l’Île de La Réunion. Des camarades organiséEs anciennement dans le NPA-Réunion ressentent le besoin et la nécessité de reconstruire un outil militant anticapitaliste, large et unitaire. Pour relancer la machine, un séjour militant, rythmé par de multiples rencontres et d’initiatives diverses a donc été élaboré.
La situation de l’île est particulière : administrativement, c’est un « département » français mais historiquement et politiquement c’est une colonie parmi les quelques-unes qui restent de l’ancien empire colonial français. C’est une région où le chômage, la précarité, l’illettrisme, la pauvreté sont très importants, à un niveau bien plus élevé qu’en France.
Rien ne se décide sur l’île
L’économie est orientée par et pour l’Europe, rien ne se décide dans l’île. Il n’y a pas d’industrie, quasiment tout est importé même les fruits et légumes, rien n’est fait pour assurer une autonomie alimentaire et autres.
C’est une île en plein océan Indien, à proximité d’autres îles comme Madagascar, Maurice, les Comores, mais sans liens économiques réels. La population est un mélange d’origine esclave, des peuples alentours, africains, indiens, asiatiques… avec plusieurs religions et traditions qui se côtoient. La langue créole, issue de cette histoire, n’est pas une langue officielle. C’est le français qui s’impose.
Après cette brève et partielle présentation, voici en résumé l’essentiel de notre séjour qui a donc consisté à découvrir cette île, son histoire, sa population, ses peuples, sa culture, sa souffrance sociale avec les difficultés que nous retrouvons ailleurs en France mais fortement aggravé.
Rencontres militantes
Au fil des jours, nous avons rencontré des délégations de camarades de la CGT réunionnaise — avec qui nous avons parlé bataille des retraites bien sûr et situation sociale de l’île — et du Parti communiste réunionnais pour parler perspective politique et notamment du colonialisme de l’État français. Nous avons rencontré aussi plusieurs collectifs militants comme Oasis-Réunion (très impliqué dans la bataille pour l’autonomie alimentaire), les « Zazallés » issus du mouvement des Gilets jaunes qui occupent depuis novembre 2018 un rond-point où s’installe un « village » autogéré, emblème d’une forme de résistance.
S’opposer à l’opération militaire « Wuambushu »
Nous avons participé à la manifestation contre la réforme des retraites, moins puissante qu’en France mais avec la même colère. Nous avons pu échanger avec les militantEs des différentes organisations syndicales. Nous avons aussi participé au rassemblement de soutien aux populations comoriennes et mahoraises victimes de la misère et de l’oppression coloniale à Mayotte, une initiative pour dénoncer et s’opposer à l’opération militaire « Wuambushu » qui vise à expulser des milliers de ComorienEs de Mayotte considérés par Macron-Darmanin comme des sans-papiers, avec l’objectif de détruire le bidonville.
Anticapitalisme, antiracisme, anticolonialisme
À côté de ces rencontres et initiatives, nos camarades anticapitalistes ont organisé une projection du film Il nous reste la colère dans un cinéma de Saint-Denis (avec 60 personnes, c’était complet) et un meeting à Sainte-Suzanne, un des endroits les plus populaires de l’île, qui a malgré les difficultés diverses regroupé aussi une soixantaine de personnes. À chaque fois, nous avons discuté luttes sociales, anticapitalisme, antiracisme, anticolonialisme ainsi qu’autonomie économique et politique. La question principale étant comment construire un cadre militant unitaire qui coordonne, qui regroupe tout un milieu militant éparpillé, qui redonne confiance et des perspectives politiques.
Cette activité, couplée à une médiatisation télé, radio, presse écrite, a permis de rendre visible ces préoccupations militantes du côté de la gauche radicale, anticapitaliste et anticolonialiste, féministe et écologiste. Des contacts ont été pris, y compris auprès de la jeunesse lycéenne, avec l’objectif d’organiser rapidement des réunions et l’espoir de remettre en place un outil politique radical et ouvert, dans une période de mobilisation sociale qui devrait aider à redonner de la confiance.
En tout cas, voilà un séjour réussi, très riche en discussions qui a bien dynamisé la dizaine de camarades réunionnaisEs comme nous-mêmes. À suivre…