Publié le Samedi 2 mars 2024 à 08h00.

La Réunion : « 100 000 emplois » maintenant, l’emploi, c’est un droit !

Alors que le chômage touche plus de 18 % de la population active à la Réunion, des militantEs proches du NPA lancent un appel pour 100 000 emplois dans l’île. Extraits et explications.

«La bataille pour l’égalité des droits entreprise par les organisations syndicales et politiques anticolonialistes face aux insuffisances de la départementalisation commence par là : le droit à l’emploi ! S’il y a 7 % de chômeurs en France, pour quelle raison y en aurait-il bien davantage à la Réunion ? Nous estimons, comme la Constitution l’affirme, que l’emploi est un droit et non un sous-produit de l’économie capitaliste. Nous estimons que la Réunion ne doit plus être enfermée dans le sous-emploi chronique, que ce dernier est un cancer qui ronge notre société. C’est pour cette raison que nous estimons que 100 000 emplois doivent être créés à la Réunion. »

La Réunion vit dans l’orbite française depuis plus de trois siècles. Après avoir été un relais pour l’impérialisme français dans l’océan Indien pour la conquête des Indes, il est devenu, dans le tourbillon des décolonisations d’après-guerre, département français en 1946, de même que les Antilles et la Guyane.

Or, notre île est toujours dans une situation de colonie dépendante sans pouvoir véritablement imaginer son futur. Nous demeurons enfermés dans la fausse alternative « prospérité dans la dépendance ou misère dans l’émancipation ».

Ni prospérité ni émancipation

Malgré nos 75 ans de départementalisation, nous restons une sorte de comptoir colonial héritier des plantations et de l’exploitation négrière. Bref, nous n’avons pas vraiment la prospérité et pas du tout l’émancipation.

Nous ne produisons qu’une faible part de ce que nous mangeons, en restant otages pour l’essentiel de grands groupes commerciaux, et nous ne fabriquons à peu près rien des produits de consommation courante qui nous sont nécessaires. Pire, les enseignes commerciales, les vendeurs de voitures, les banques et les assurances, le secteur immobilier nous entraînent dans un type de consommation inutile ou incompatible avec l’avenir de notre île et celui de la planète.

Chômage de masse

Alors que nous importons des masses de produits, des milliers, des dizaines de milliers de travailleurs sont sans emploi ou confinés dans des tâches subalternes et mal payées. Qu’ils soient, hommes ou femmes, jeunes ou vieux, qualifiés ou non, touTEs croisent tôt ou tard la voie du chômage ou du sous-emploi. C’est ainsi que près de 100 000 allocataires du RSA se débattent dans la survie et sont chaque jour davantage menacéEs par des dispositions législatives de plus en plus restrictives. La Réunion est véritablement l’endroit où l’on fait la guerre aux chômeurs et pas au chômage !

Les conséquences de ce chômage structurel de masse sont d’ordre économique et social : conditions de vie dégradées, mauvaise alimentation, difficultés à se loger... 

C’est pourquoi, comme le dit notre appel « 100 000 emplois c’est aussi ce qui correspond à de multiples besoins dans tous les domaines, logement, agriculture, énergie, transports, services publics, culture. C’est nécessaire pour affronter le dérèglement climatique déjà trop présent. […] Nous appelons l’ensemble des responsables, des militants des organisations syndicales, des associations, des partis qui se situent du côté des exploitéEs à se saisir de cette revendication, à la décliner chacun sur son secteur, à la populariser massivement, à en faire un puissant étendard de luttes, d’actions et de projets ».

Les camarades de la Réunion