Publié le Vendredi 23 avril 2010 à 13h39.

Conseil municipal de Lormont (33) : les mains dans le cambouis

Régulièrement, les élus du NPA rendent compte de leur action dans les collectivités locales.Contre les démolitions de HLM par la politique de renouvellement urbain de l’ANRULes conséquences des démolitions constructions décrites dans le dernier bilan de l’Anru (2009) sont bien visibles à Lormont (Gironde), le plus grand plan Anru d’Aquitaine (1 000 logements). Le rapport pointe plus de démolitions que de constructions, avec un déficit de 21 000 logements, en pleine crise sociale et du logement ! Or, en principe, il devait y avoir une démolition pour une construction. Mais selon le bilan, il était prévisible qu’on ne pourrait pas reconstruire tous les logements détruits. Dans le quartier de Lormont-Génicart, 512 logements démolis ou à démolir n’ont été remplacés que par 140 nouveaux logements construits sur place. Ces plans de démolition devaient garantir une meilleure « mixité sociale » dans ces quartiers très pauvres. Mais qu’en est-il ? Il ressort du bilan qu’elle ne peut être évaluée, les bailleurs n’étant pas obligés de fournir des statistiques. Dans l’ensemble, « le relogement a été une opportunité pour des ménages petits et aisés qui ont un désir de mobilité et une capacité de négociation ; il a été subi par les familles nombreuses, monoparentales, démunies et les personnes âgées », dit le rapport. L’emploi d’habitants du quartier, imposé par ces plans, s’avère précaire car dans le secteur du bâtiment et pour le temps des constructions, donc peu qualifié, mal payé et presque exclusivement masculin. De plus, cette prétendue obligation d’emploi n’est elle non plus ni évaluée ni imposée par aucun organisme. Comme nous l’avions dénoncé au conseil municipal dès 2003, puis avec des locataires, nos voisins, avec lesquels nous nous sommes mobilisés, les nouveaux logements sont plus petits (plus de F5 ou F6) et leurs loyers plus élevés. Le gaz est à payer en plus, alors qu’auparavant, l’eau chaude était comprise dans les charges. Le parking coûte 28 euros par mois, alors qu’il était gratuit dans les tours démolies. Certaines de ces tours avaient certes dix-huit étages et dataient des années 1970 (comme le reste du parc HLM resté en place, d’ailleurs), mais ce n’était pas, comme le répétait le maire, des « ghettos ». Certaines familles y vivaient depuis le début, il y avait une vie sociale. De nombreuses familles immigrées, des personnes âgées seules, des familles monoparentales y bénéficiaient de la proximité de services publics et commerces. Ces tours auraient pu être réhabilitées, ou on aurait pu reconstruire de nouveaux logements plus bas et encore plus spacieux, pour le même loyer. Mais les habitants n’ont pas été consultés avant que l’État, la commune et les bailleurs ne décident de démolir leurs logements. Ce ne sont pas forcément les cités les plus mal loties qui ont été démolies, mais celles se trouvant dans des zones au foncier intéressant pour y construire bureaux, commerces et logements d’un meilleur standing. En effet, plus aucun logement dit très social – comme ceux qui sont démolis – ne sera reconstruit. Les chantiers ayant pris beaucoup de retard, surtout parce que les coûts se sont révélés plus élevés que prévu, et que les locataires les plus pauvres n’ont pu être facilement relogés, le relogement des derniers habitants de Génicart s’est fait dans l’urgence. Ils n’ont même pas pu visiter les appartements dont ils signaient les baux, car ceux-ci n’étaient pas encore construits ! Leurs nouveaux logements dans le quartier entièrement reconstruit et enclavé de La Ramade, bâtis à la va-vite par une multitude de sous-traitants dont l’un a même fait faillite depuis, ont presque tous des vices de construction graves (jointures mal faites aux fenêtres, fissures dans les angles ou sur les murs, ascenseur en panne durant deux mois...). Mais les locataires se sont regroupés pour se faire entendre du bailleur et de la mairie socialiste et communiste, pour ne pas payer la politique de renouvellement urbain qui est bien une politique de « renouvellement de la population ».

Monica Casanova

Lormont : 25,9 % de chômage dont 40 % des jeunes du quartier de Génicart65 % de la population ne paye pas d’impôts10,78  % pour la liste LCR devenue NPA aux municipales de 200816 % dans le bureau le plus populaire de Génicart