Publié le Mardi 30 juillet 2019 à 14h59.

En solidarité avec le soulèvement algérien

Du 27 juin au 5 juillet dernier, une délégation de militants du NPA s’est rendue en Algérie. Notre objectif était double : rendre concrète pour nous l’immense mobilisation du peuple algérien depuis le mois de février et tisser des liens avec des militantEs marxistes du Parti socialiste des travailleurEs (PST).

Nous avons pu participer à la marche du vendredi 28 juin à Béjaïa, deuxième port industriel du pays situé à l’est d’Alger, dans la région kabyle. La manifestation débute un peu avant 14 h, juste après la prière, et regroupe plusieurs milliers de personnes. « C’est petit aujourd’hui », si l’on en croit les camarades. Mais pour nous, qui avons pourtant participé au mouvement des Gilets jaunes en France, la foule regroupée à Béjaïa est l’un des plus gros rassemblements auxquels nous avons participé cette année. Peu de cortèges dans la marche, excepté un « carré » enseignant et celui du PST. Les camarades structurent depuis plusieurs mois un pôle radical pour avancer le mot d’ordre de rupture définitive avec le système, notamment par la mise en place d’une Assemblée constituante représentant les intérêts de la majorité de la population. Nous notons également une absence quasi totale de forces de police, le pouvoir étant toujours hésitant vis-à-vis de la répression, en particulier en Kabylie. Les militantEs que nous avons rencontrés mènent une activité en direction de la jeunesse étudiante, de collectifs féministes et dans certains secteurs syndicaux, bien qu’il soit très difficile pour les militantEs de gauche de faire face à la répression patronale et aux licenciements pour motifs politiques.

Détermination et combativité 

Près de Béjaïa, nous passons une journée à Aokas. Un collectif de jeunes investis dans la politique locale s’y mobilise pour faire barrage aux intérêts privés grandissants en matière de tourisme, de grands groupes accaparant littoraux et espaces verts. Les luttes contre le pillage de l’économie et la privatisation sont partie intégrante du Hirak, notamment pour la jeunesse qui ne parvient pas à accéder à un emploi stable et à trouver un avenir dans le pays.

Nous finissons ensuite notre parcours à Alger, la capitale, cœur de la contestation depuis le départ, centre politique et économique du pays. Nous participons d’abord à la marche hebdomadaire des étudiantEs le mardi 2 juillet. Si elle ne regroupe que peu de personnes en raison des examens et de l’imminence des vacances, nous avons pu apprécier à sa juste mesure la détermination et la combativité du milieu étudiant algérois. Structurés en comités d’université, le travail effectué par la frange active a été colossal : tenue d’assemblées générales, production de tracts et communiqués, organisation de manifestations tous les mardis avec pour objectif de rythmer le mouvement entre deux vendredis…

Le lendemain, nous assistons à une réunion du réseau contre la répression et pour les libertés démocratiques initié par le PST. Le « réseau » a recensé une quarantaine de détenuEs d’opinion sur les deux dernières semaines, notamment pour avoir brandi le drapeau amazigh malgré l’interdiction formelle du général Gaïd Salah. L’idée du réseau est de recenser les cas de répression mais également de créer des liens de solidarité et de défendre les libertés démocratiques, dans une conjoncture où le pouvoir pourrait être tenté par le durcissement des conditions de la lutte. La réunion servira également à préparer la grande journée de mobilisation du vendredi 5 juillet, qui coïncidait avec la fête nationale algérienne.

Robin C.