Publié le Lundi 18 juillet 2016 à 15h26.

Rennes (35) : « Un toit, c’est un droit ! »

Entretien. Les militantEs de l’association Un toit c’est un droit (UTUD) viennent d’ouvrir un nouveau squat qui accueille plusieurs dizaines de migrantEs, dont la moitié sont des enfants, enfin logés de façon décente ! Nous avons rencontré Joëlle, militante de UTUD. Pendant l’entretien, des personnes solidaires sont passées pour apporter qui de la vaisselle, qui une couette...

Peux-tu présenter l’association ?

UTUD est une asso loi 1901 créée en 2012 par des militantEs issus du DAL. Notre objectif est de faire pression sur les autorités pour imposer l’application des lois sur le logement notamment sur la réquisition. Et puis aussi, lorsque cela ne suffit pas, nous mettons les personnes à l’abri, comme nous le faisons ici depuis le 14 juin. Parfois les squats font l’objet d’une convention, avec des mairies comme à Betton ou à Chartres-de-Bretagne, avec des propriétaires privés, et même avec une agence immobilière !

Une nouvelle réquisition qui va durer ?

Ici, nous avons récupéré un local vide depuis deux ans, ancienne maison de retraite dont personne ne fait rien, parfaitement équipée pour accueillir des habitantEs qui bénéficient de studios ou de chambres individuelles ouvrant toutes sur le jardin ! Ces gens viennent du monde entier : du Congo, des Comores, de Mongolie, de Tchétchénie, du Kosovo, de Géorgie, d’Albanie, etc. Ils sont en France depuis plusieurs mois ou plusieurs années. La plupart sont des sans-papiers, mais certainEs sont en demande d’asile et devraient être logés par l’État comme le précise la loi. Avant l’ouverture du squat, toutes ces personnes étaient en foyer d’urgence (le 115) ou à l’hôtel, avec l’impossibilité d’y séjourner dans la journée, et même à la rue en ce qui concerne de nombreux célibataires.

Le propriétaire, un promoteur immobilier, a demandé au tribunal d’ordonner l’expulsion, mais cela sera jugé en septembre. Le tribunal peut alors refuser un jugement en référé (en urgence), car le propriétaire n’a encore fait valoir aucun projet précis, il n’a encore fait aucune demande de permis de détruire et de construire. Nous espérons donc faire la jonction avec la trêve hivernale, ce qui nous permettrait de maintenir toutes ces personnes à l’abri jusqu’au mois de mars !

Comment s’organise la vie du squat ?

Le squat est géré par un conseil de squat qui regroupe les habitantEs en AG toutes les deux semaines. L’association y tient une permanence quotidienne afin de gérer les problèmes d’intendance, l’accompagnement pour les démarches de régularisation. Les contacts avec le quartier sont bons : les voisinEs sont plus inquiets des projets du promoteur que de la présence des migrantEs. De nombreux volontaires ont fait des propositions d’animation – théâtre, danse, etc. – qui devraient se mettre en place à la faveur des vacances scolaires. La soirée organisée pour fêter l’ouverture du squat a été un moment fort de solidarité.

Propos recueillis par Vincent