Publié le Samedi 22 octobre 2016 à 00h28.

Les nôtres : Jacques Jové

Jacques nous a quitté brutalement le 12 septembre dernier...

C’est en 1975 lors de l’occupation d’Ideal Standard à Dammarie-les-Lys (en Seine-et-Marne) que Jacques rejoint les ouvriers en grève et a fait la connaissance de M. Garcia, animateur de la lutte, militant de la LCR, et comme lui fils de réfugié politique espagnol. Il s’est ensuite investi syndicalement à la Snecma Villaroche, ainsi qu’à la LCR, participant ensuite à la construction du NPA.

Dans les années 1980, son combat portait sur les salaires, le racisme, la Sécu, le Nicaragua, les jeunes contre Devaquet, les prisonniers politiques chiliens... Cette vision large a marqué le caractère particulier de la grève à la Snecma Villaroche en 1988, dont Jacques et Jeanine (sa compagne) furent les animateurs. Dix semaines de sandwichs, cafés, jours et nuits, avec les enfants à gérer...

Dans les années 1990, face à la menace du FN, c’est la construction de Ras l’front. Avec les grandes grèves de 1995, une nouvelle génération de militants retrouve les fondamentaux anticapitalistes. Nous avons pu alors reconstruire la LCR 77, avec Jacques et une poignée de camarades.

Jacques était un camarade précieux, rappelant toujours les limites de nos enthousiasmes, les difficultés de nos entreprises. Ses interventions étaient le signe de son exigence, de sa lucidité, de sa capacité à douter. Il savait que malgré toutes les embûches, il ne renoncerait jamais, toujours accompagné dans cette volonté par Jeanine.

Il était celui qui avait l’expérience la plus concrète d’un travail politique et syndical de longue haleine, dans une grande entreprise, au plus haut rang (délégué syndical central), très respecté aussi de ses camarades et collègues de LO. Nous étions fiers de le compter dans nos petits effectifs. Il était de tous les combats, aimant le travail de terrain, la défense des salariés plus fragiles, des femmes, des sous-traitants, des handicapés, des victimes de l’amiante, touchant à tous les sujets de défense de la classe ouvrière, jusqu’à faire des études de droit ou un stage à Droit au logement.

Militant solidaire, tout simplement humain, fan de motos anglaises et de Higelin, il est parti bien trop tôt, après seulement 6 mois de retraite ! Récemment il disait encore qu’en 2017 ce serait Philippe Poutou. Au-delà de la tristesse, nous retenons deux leçons de lui : agir collectivement et décider ensemble ; vivre selon nos convictions, sans repousser les plaisirs, en faisant attention aux autres.

Le temps est assassin et emporte avec lui le rire des enfants et les grands militants. Salut Jacques et merci.

Ses amis et camarades de Seine-et-Marne