Publié le Jeudi 7 septembre 2017 à 13h50.

Les nôtres : Taous Ouali-Benloucif

Notre camarade, mon amie, Taous est morte le 13 août dernier, après un rude combat contre un cancer déclaré un an plus tôt.   

Taous était arrivée d’Algérie il y a une trentaine d’années pour s’installer à Nancy. Elle avait toujours refusé de demander la nationalité française, et l’a expliqué dans un très beau texte publié dans l’Anticapitaliste. Dans ce texte, on retrouve beaucoup de ce que nous avons aimé chez Taous : ses valeurs bien sûr, mais aussi sa poésie, sa culture, sa sensibilité extrême et le regard attentif qu’elle portait sur tout ce qui l’entourait. Ce regard, elle l’a mis au service de notre organisation : l’appareil photo en bandoulière, dans toutes les manifs, locales, nationales, elle a longtemps alimenté la « photothèque Rouge ». Mais ses plus belles images s’éloignaient des drapeaux, en montrant un visage d’enfant, de vieil homme, un reflet sur l’eau, une chaise vide à l’abandon… S’y reflétaient toute la tristesse et la tendresse de son regard. 

Sa mélancolie ne la laissait pas prostrée : que de vie et de forces en Taous ! Malgré toutes les épreuves traversées, elle aimait rire, danser, chanter. Même si, depuis la mort de son fils Farès, tout avait moins d’éclat. Elle parlait fort et s’énervait vite, n’acceptant aucun compromis, aucune remise en cause des valeurs qui lui étaient chères : elle fut une militante féministe, internationaliste et anticapitaliste, combattive et intransigeante. 

Taous n’était plus militante au NPA depuis quelques années, elle disait même qu’elle était très fâchée avec ce parti… Et pourtant, depuis sa chambre d’hôpital, elle commentait l’actualité politique en parlant de « nous », de « notre » candidat, en s’énervant de « nos » faiblesses alors qu’il y aurait encore tant de luttes sociales à mener. 

L’hommage qui lui a été rendu à Nancy, grâce à ses filles Nedjma et Narymane, a permis de réunir ses amiEs, ses amours, ses camarades, sa famille et ses collègues, autour d’une chanson qu’elle aimait tant et qui lui ressemblait tellement : « La révolution permanente »… jusqu’au bout. 

Catherine Stotzky