Publié le Lundi 9 novembre 2015 à 08h58.

Leurs comptes... et les nôtres

Épisode 3 : URBAnisme. Les deux premiers épisodes de cette modeste chronique politico-financière portaient sur des événements très récents, pour ne pas dire contemporains. N’ayons pas la mémoire courte. Par ailleurs, ils se penchaient sur les pratiques de la droite et de l’extrême droite. Ne soyons pas sectaires. Enfin, ils ne concernaient pas le parti au pouvoir. Montons en puissance. Revenons donc sur l’affaire dite « URBA ».

URBAnisme (n.m) : du sigle URBA, le plus célèbre des « bureaux d’études » ayant permis le financement du PS pendant une quinzaine d’années. Un URBAnisme est un type de financement occulte. Voyons cela.

Prenez un nouveau parti : le Parti socialiste, fondé sur les ruines de la SFIO en 1971 lors du congrès d’Épinay. Il a besoin d’argent pour financer des échéances électorales dont le coût ne cesse d’augmenter, et rattraper son retard sur une droite dont les systèmes de financement sont plus anciens et performants. Il fonde donc en 1973 la société URBA.

Le principe du système était le suivant. Une entreprise souhaite décrocher un marché public. L’une des conditions de son obtention sera le versement d’un pourcentage du montant des travaux à un « bureau d’études » comme URBA... Concrètement, la collectivité territoriale paye l’entreprise ayant obtenu le marché avec de l’argent public afin qu’elle s’acquitte des travaux. Jusque-là, rien d’anormal, sauf que l’entreprise en question devra en retour payer le « bureau d’études » sur ses fonds propres, à hauteur de 2 à 4 % du montant des travaux. Comment ? À quel titre ? Réponse : sur la base de fausses factures. Autrement dit, l’entreprise paye le « bureau d’études » pour une prestation fictive.

Un « impôt politique »...

À aucun moment, de l’argent public n’est à proprement parler détourné, puisque le montant des travaux n’a pas été gonflé du montant de la prestation fictive. Il ne s’agit donc pas d’un système de rétro-­commission. Les entreprises devaient « simplement » payer le droit d’avoir accès aux marchés publics en versant un « impôt politique ». Certains cyniques parlèrent de racket des entreprises. Nous y reviendrons.

Pour l’instant, continuons simplement à suivre l’argent. Le « bureau d’études » n’est qu’un organe de transit. L’argent récolté au titre de ses prétendues « études » doit encore arriver à bon port... c’est-à-dire dans les cassettes du PS. 40 % de l’argent récolté reste dans les caisses du « bureau d’études ». Il faut bien faire « tourner la boîte ». 30 % vont dans les caisses du PS national. 30 % vont dans les caisses du PS local. Comment ? Par différents circuits, via des sociétés « sous-traitantes » d’URBA qui sortaient finalement de l’argent liquide, lequel finissait dans les caisses du PS.

Cette affaire tentaculaire aux multiples rebondissements et enjeux a déjà fait l’objet de longs articles, analyses et ouvrages. Nos 3 000 signes ne nous permettent donc pas d’aller au-delà d’un rapide schéma financier de l’affaire. Rendez-­vous au prochain épisode pour nous pencher rapidement sur la dimension politique de l’affaire.

En attendant, le NPA ne disposant pas de « bureau d’études » (!), il reste toujours nécessaire de réussir sa souscription 2015.

Sylvain Madison

Pour nous aider : http ://www.npa2009.org/souscrip…