Le pari était risqué : organiser un meeting à Paris alors que les transports en commun sont paralysés. Pari réussi, avec 250 personnes réunies à la Bellevilloise le 16 décembre au soir.
« On est là, on est là, même si Macron le veut pas nous on est là ! » Malgré l’absence de transports en commun, le meeting du NPA région parisienne a donc été un succès, avec une tribune à l’image des mobilisations en cours en France… et dans le monde.
SNCF, RATP, Éducation…
C’est notre camarade Murielle, du secteur de la santé, qui a ouvert le meeting. Elle est revenue sur la longue lutte du secteur hospitalier, à la pointe de laquelle se situent les services d’urgences, qui combattent sans relâche, depuis près de 9 mois, les politiques d’austérité dont les conséquences sont particulièrement dramatiques à l’hôpital, pour les soignantEs comme pour les patientEs. Un secteur qui, malgré les réflexes corporatistes notamment présents chez les médecins, se joint de plus en plus à la lutte contre la « réforme » des retraites.
Des camarades de la SNCF (Laura), de la RATP (François-Xavier) et de l’Éducation nationale (Mathilde) sont également intervenus, qui ont fait le « point » sur les grèves en cours dans leurs secteurs. À la SNCF, détermination et auto-organisation sont là, avec des assemblées générales, des tentatives de coordination, la participation à des cadres interprofessionnels, etc. Des cheminotEs déterminés à ne pas céder un pouce de terrain face aux pressions politiques et médiatiques, et tirant les bilans de la « bataille du rail » de 2018.
Concernant la RATP, François-Xavier, de Solidaires, a rappelé que la mobilisation actuelle, massive, venait clore un cycle de quasi atonie sociale, ouvert par la mise en place du service minimum en 2008. La grève de 2019, préparée depuis plusieurs mois, remet sur le devant de la scène la force des travailleurEs de la RATP, capables de paralyser Paris lorsqu’ils et elles se mettent en grève. Une grève qui va durer, avec des taux de grévistes particulièrement élevés, et qui là encore conjugue massivité et détermination.
Du côté de l’Éducation nationale, même si les grèves reconductibles sont rares, la massivité est aussi de mise, avec des AG régulières, des cortèges conséquents dans les manifestations, des taux de grévistes très élevés dans les manifestations et une volonté de se coordonner avec d’autres secteurs.
Féministes et contre la répression !
Gaël, de la poste, est revenu quant à lui sur le phénomène de la répression, dont il est l’une des cibles avec l’accumulation des procédures judiciaires à son encontre. Répression policière et judiciaire, faite de violences dans les manifestations, d’arrestations, de procès, de condamnations… destinées à étouffer la contestation sociale. La lutte contre la répression doit être une composante à part entière de nos mobilisations face à un gouvernement qui allie ultralibéralisme et autoritarisme !
Manon, gréviste dans le secteur de la culture, s’est attaquée à l’un des mensonges les plus lamentables du gouvernement pour vendre sa contre-réforme : elle bénéficierait aux femmes ! Un argument particulièrement scandaleux quand on sait que les femmes seront au contraire les premières victimes de la contre-réforme, avec leurs salaires moindres, leurs carrières hachées, la suppression des trimestres liés à la naissance d’un enfant, les modifications concernant les pensions de réversion, etc.
En finir avec Macron et son monde
L’internationalisme était également bien présent dans le meeting, avec tout d’abord une intervention de Nicolas, jeune Hong-Kongais présent à Paris, qui a retracé la lutte exemplaire de la population de Hong-Kong contre un pouvoir autoritaire et inféodé à la Chine. Revendications démocratiques et revendications sociales, inventivité dans les manifestations, détermination malgré la répression : les Hong-Kongais ne baissent pas les bras !
Notre camarade Kamel, venu d’Algérie, est quant à lui revenu sur la mascarade électorale du 12 décembre, face à laquelle la population algérienne, toujours mobilisée, n’est pas dupe (lire page 5). Face aux manœuvres du pouvoir et à la répression, les AlgérienEs sont toujours là et revendiquent la chute du régime. L’enjeu des semaines à venir sera de développer les cadres d’auto-organisation afin de construire une situation de double pouvoir et d’imposer une constituante sous contrôle populaire.
Olivier Besancenot, enfin, est intervenu pour clore le meeting, rappelant que la séquence que nous vivons actuellement sera déterminante pour la suite. Refuser les divisions et les manipulations, structurer, dans l’unité, la mobilisation par en bas, généraliser les grèves pour aller vers une paralysie totale du pays, imposer le retrait de la réforme… et le départ de Macron et de son monde : tels sont les objectifs. Avec la démission de Delevoye, le pouvoir est fragilisé : pour dégager Macron et sa réforme des retraites, tout reste possible.
Correspondant