En trois épisodes, faisons un petit tour des conséquences financières de la débâcle politique du Parti socialiste. Et l’on verra que le PS, comme la population, va devoir « faire des efforts ». Mais pour quoi faire ? Et comment ? Et au profit de qui ? Dans ce dernier épisode, voyons ce qu’il en est des « rapports sociaux » rue de Solférino.
Le plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) en cours de négociation, pour un total actuel d’environ 3 millions d’euros, est à juste titre redouté par la direction. La situation n’est pas inédite, le PS a déjà dû « réduire les coûts » par le passé. Les affres de « l’alternance », mon bon monsieur. Mais dans un contexte de crise terminale, un tel conflit devient tragi-comique. D’autant que ce PSE fait logiquement l’objet d’un bras de fer avec des salariéEs remerciés qui, de leur côté, ne disent pas « merci patron ». Signe de ces temps défensifs et de casse du droit du travail, le casus belli se matérialise dans la prime supra-légale dont le montant moyen s’éléverait à 5 000 euros. Trop peu pour les salariéEs, d’autant qu’il avait été dit par le patron « Camba » que le produit de la vente de « Solfé » participerait à un « plan social à un niveau très haut ».
Au PS comme ailleurs, les inégalités se creusent
Mais intervient alors un autre montant, pour le moins stupéfiant. Il s’agit de la masse salariale des 120 permanents du siège du PS en 2016. Envisagés globalement, ces 12 millions d’euros représentent 20 % du budget récent du PS (60 millions). Dédier un tel pourcentage de ses ressources à la seule masse salariale d’une grosse centaine de permanents nationaux en dit déjà long sur la vision du PS quant au partage des richesses.
Mais ensuite, quelle est la répartition de cette masse salariale ? Quelques chiffres ont perlé sur la rémunération des caciques. 5 700 euros nets par mois pour la directrice de la communication, 6 800 euros nets pour le secrétaire général administratif, 7 500 euros net pour le directeur de cabinet du premier secrétaire... Sans compter que la plupart cumulaient ces revenus avec des indemnités d’élus ou d’assistant parlementaire, allant de 700 à 2 600 euros !
Ces quelques chiffres parlent déjà d’eux-mêmes quant au train de vie du premier cercle dirigeant. Au PS comme ailleurs, les inégalités se creusent. En revanche, rien de plus détaillé n’a circulé récemment, que ce soit sur la répartition et la constitution précise des rémunérations (primes, défraiements, etc). Impossible donc de savoir, en particulier, combien touchent les « petites mains » de Solférino qui tempêtent contre la prime supra-légale de 5 000 euros du PSE en cours. Mais en 2012, les plus bas salaires tournaient autour de 2 000 euros (net ou brut, sans précision), et la convention collective est considérée comme très avantageuse.
Une mauvaise comédie sociale ?
On serait cyniquement tenté de rire de ce qui apparaît comme une mauvaise comédie sociale se jouant sur la petite scène bureaucratique du PS. Mais dans un contexte de régression sociale, politique et démocratique sans limites, et compte tenu des inégalités qui règnent et se creusent jusqu’au siège national du PS, c’est plutôt la consternation qui s’impose. Car quelle que soit l’issue des déboires financiers du PS et de ce « conflit social » en particulier, la manière dont il va réduire ses propres « coût salariaux » et « faire des efforts » pour « dégraisser » a déjà valeur de démonstration, aussi édifiante que pathétique. Si l’on imagine mal la direction du PS bâcler son PSE, il n’en reste pas moins qu’il en reste un, de PSE ! Et rien que pour cela, à toutes celles et tous ceux qui en on trop longtemps douté, preuve est une nouvelle fois faite, en mode piteux et funèbre, que le PS ne peut vraiment pas, vraiment plus, avoir quoi que ce soit en commun avec les travailleurEs. Dans PSE, il y a PS.
Sylvain Madison