Moins d’un mois après sa mise en place, l’état d’urgence décrété par le gouvernement avec la quasi-unanimité du Parlement est remis en cause par la rue et le mouvement social.
En interdisant les manifestations et rassemblements « à caractère revendicatif ou contestataire » Valls et Cazeneuve ont commis la lourde erreur de croire qu’ils pouvaient durablement profiter des pouvoirs exorbitants que leur offrait l’état d’urgence. En maintenant avec détermination son agenda des mobilisations, le mouvement social a déjoué ce plan. D’abord à l’occasion de la manifestation de soutien aux migrantEs du 22 novembre, suivie une semaine plus tard par les mobilisations autour de la COP21. Malgré la répression, les assignations à résidence et l’avalanche de gardes à vue, une nouvelle manifestation de plus de 10 000 personnes s’est tenue samedi dernier à Paris de la porte Maillot à la tour Eiffel.
Pas plus qu’à Paris, dissuasion et répression n’ont pu interdire l’expression d’un rejet de la mise en place d’un état policier dans de nombreuses villes, par des manifestations ou dans des réunions publiques unitaires. Marseille, Strasbourg, Clermont-Ferrand, Nantes, Rouen... se sont mobilisées. A Rouen, jeudi 10 décembre, ce sont même plusieurs centaines de lycéenNEs qui, bravant l’état d’urgence, manifestaient dans le centre ville contre le Front national. à Nantes, malgré la répression sauvage d’une première manifestation interdite, plusieurs centaines de jeunes manifestantEs se sont mobilisés samedi dernier contre l’état d’urgence et la répression.
L’assignation à résidence de 24 militantEs écologistes, soupçonnés de vouloir participer aux manifestations prévues pendant la COP21, a suscité un tollé général, et des poursuites judiciaires sont entamées, notamment devant la Cour européenne des droits de l’homme.
On ne nous empêchera pas de manifester !
Ce combat contre l’état d’urgence, jusqu’à imposer son abrogation, doit s’intensifier et se systématiser. Tout d’abord, en maintenant les initiatives que l’urgence sociale nous impose. Ainsi, samedi 19 décembre, nous serons à Paris une nouvelle fois dans la rue aux côtés des sans-papiers et des migrantEs. Le 23 janvier, nous manifesterons à Calais pour soutenir les habitantEs de la « jungle » en proie à une brutale répression policière et aux provocations quotidiennes des fascistes.
Jeudi 17 décembre à Paris1, un meeting unitaire contre l’état d’urgence est appelé par un large cartel d’organisations, associations, syndicats et partis politiques. Cette initiative unitaire est très importante dans la construction d’un rapport de forces large et durable contre la répression. Un outil essentiel dans la mise en place de structures permanentes qui permettront la mutualisation des moyens (juridiques, matériels).
Ce sera l’occasion de lancer une campagne de mobilisation pour organiser le dimanche 7 février une grande manifestation nationale contre l’état d’urgence, contre le recul des libertés.
Alain Pojolat
- 1. A 19h à la Bourse du travail, 3 rue du Château- d’Eau (métro République). A l’appel de : AC !, Acort, ADTF, AMF, Apeis, ATMF, Attac, Cedetim, CFPE, CGT 75, CNT RP, Collectif 3C, Collectif des désobéissants, Collectif des sans voix 18e, Copaf, CRLDHT, CSP 75, DAL, Droits devant, Écologie sociale, FASTI, Femmes égalité, Fondation Copernic, FTCR, FUIQP, GISTI, Initiative décroissante pour le climat, Ipam, MCTF, MRAP, Réseau pour une gauche décoloniale, Syndicat de la magistrature, SNPES PJJ, Solidaires, Solidaires étudiant-e-s, SUD Aérien, SUD PTT, Sortir du colonialisme, Survie, UJFP, UTIT… Avec le soutien de : Alternative libertaire, CGA, Ensemble, NPA, PCOF, PG...