Le 2 décembre 2020, un collectif de personnels de bibliothèques de la Ville de Paris, bibliothèques universitaires, bibliothèques territoriales, BPI et BnF, publiait un texte revenant sur la situation de crise qu’elles et ils subissent dans leur métier depuis le début de la pandémie de Covid. Nous partageons ici plusieurs de leurs constats et tenons à donner place à leurs revendications et perspectives dans ce secteur particulier de la Culture, qui a fait l’objet depuis le début de cette crise d’un traitement différent par le gouvernement. Nous en publions ici des extraits1.
« Protéger la santé, des agents et du public, devrait être la règle »
Cet appel a été lancé lors de la deuxième phase dite de « confinement », qui s’était accompagnée de la réouverture au public à marche forcée. La réouverture des bibliothèques est devenue la norme, le plus souvent au mépris des protocoles sanitaires nécessaires réclamés par les agentEs. Sur cette gestion « aléatoire » des mesures sanitaires, le texte dénonce : « Alors que le gouvernement prétend donner la priorité à la santé, ces dispositions font courir un risque sanitaire significatif à l’ensemble de la population. Le recours au télétravail ou la mise en autorisation spécifique d’absence pour les plus fragiles, devraient être la norme. Protéger la santé, des agents et du public, devrait être la règle. Au lieu de cela, les multiples exceptions édictées par le gouvernement sont illisibles et favorisent encore davantage les inégalités sociales. » […]
« Nous, bibliothécaires, regrettons l’instrumentalisation des bibliothèques par le pouvoir politique. Nous regrettons également leur assimilation à des commerces à chaque étape de ce nouveau confinement, tout d’abord avec le click and collect et à présent avec une réouverture précipitée et une jauge dont le mode de calcul s’inspire de celui imposé aux commerces, dans un souci de rentabilité plus que de sécurité sanitaire. Le rôle social des bibliothèques a été complètement occulté et nos services auprès de publics très variés, parfois précaires, ont disparu ou presque, renforçant encore davantage les fractures contre lesquelles nous nous battons au quotidien. » […]
« En ces temps troublés, nous témoignons également de notre grande inquiétude face à la proposition de loi relative à la sécurité globale, adoptée à l’Assemblée nationale le 24 novembre, notamment à cause de son article 25, qui autorise les membres des forces de l’ordre à porter leurs armes en dehors de leur service, dans les lieux recevant du public dont les bibliothèques, sans possibilité de s’y opposer.
Nous, bibliothécaires, souhaitons réaffirmer ce pourquoi nous avons choisi ce métier : le rôle social des bibliothèques, et ceux pour qui nous œuvrons : TOUS les publics. Si les bibliothèques sont indispensables, au point qu’elles rouvrent avant tous les autres lieux culturels, nous demandons alors que nos tutelles nous fassent confiance, et nous donnent les moyens d’assurer les services réellement essentiels, au-delà de toute considération marchande ou clientéliste.
Soyons solidaires avec le service public hospitalier, solidaires avec les agents les plus fragiles et les publics les plus précaires. »
- 1. Texte complet sur https://www.facebook.com…‑