Le troisième volet du sixième rapport du GIEC a été publié le 4 avril dernier.
Après le premier volet qui synthétise l’état des connaissances scientifiques sur le climat et le deuxième qui évalue les conséquences du changement climatique sur les sociétés humaines et les écosystèmes, le troisième explore les solutions disponibles pour réduire les émissions de gaz à effet de serre1.
Première constatation : la technologie ne remplit pas ses promesses
« Le taux annuel de croissance des émissions s’est ralenti significativement dans le secteur de l’énergie et dans celui de l’industrie mais est resté inchangé dans le secteur du transport. Depuis 2010, les baisses de coût ont été fortes dans le solaire (87 %), l’éolien (38 %) et les batteries (85 %) ; les agrocarburants représentent 90 % de l’énergie renouvelable utilisée dans les transports. Mais ces réalisations du capitalisme vert ne nous mettent pas sur le chemin du "zéro émissions nettes" en 2050, indispensable pour rester sous 1,5 °C de réchauffement. »
« Sans nouvelles mesures climatiques, la température moyenne de surface du globe augmentera de 3,3 à 5,4 °C d’ici 2100. Rester sous 1,5 °C nécessite des réductions d’émissions rapides et des changements structurels fondamentaux à l’échelle globale. […] Une action climatique trop faible à court terme rendra les objectifs climatiques inaccessibles dans le futur. Rester sous 1,5 °C avec 50 % de chance et un léger dépassement nécessite des réductions d’émissions de 35 à 60 % en 2030 et de 73 à 94 % en 2050. »
Pour échapper à la sortie des énergies fossiles les gouvernements et les multinationales font miroiter les technologies à émissions négatives. Le présent rapport est plus réservé que les précédents sur ces technologies de capture, séquestration du carbone, jusqu’à dire « qu’ils peuvent avoir des effets négatifs sur les services écosystémiques et sur les Objectifs du développement durable ».
Deuxième constatation : la nécessaire réduction de la consommation d’énergie
Important et notable, « le GIEC, pour la première fois, se fait l’écho de certains travaux de recherche qui plaident explicitement pour une rupture avec les contraintes capitalistes du "toujours plus". Selon certains chercheurEs, en effet, la stabilisation du climat ne peut pas être réalisée sans une réduction très substantielle de la consommation finale d’énergie – une réduction à ce point importante qu’elle implique nécessairement une diminution de la production matérielle et des transports ».
Le rapport « insiste sur la priorité à donner à "l’équité" et à la "participation des parties prenantes" dans la perspective d’une "transition juste", […] note que les changements de comportement individuels, à eux seuls, ne peuvent réduire significativement les émissions de gaz à effet de serre […], souligne que ces changements doivent s’encastrer dans un changement structurel, culturel et institutionnel ainsi que l’importance des mouvements sociaux, des jeunes notamment, pour faire bouger les lignes face aux "intérêts établis" ». Mais, dans le même temps, « ce rapport est confit de l’idée irréaliste qu’il serait possible de faire converger des intérêts sociaux antagoniques pour sauver le climat de la Terre dans l’harmonie universelle, sans mettre en question le moins du monde la propriété privée de l’économie, la concurrence pour les parts de marché, la production pour le profit et le "produire pour produire" qui en découle automatiquement. »
- 1. Le titre de cet article est inspiré d’un article de Daniel Tanuro, publié sur le site de nos camarades de la Gauche anticapitaliste belge, dont nous reprenons de larges extraits. À lire sur : https://www.gaucheantica…