Publié le Mercredi 16 juillet 2025 à 18h00.

Des millions dans l’eau de la Seine plutôt que dans les Canadair

Au lendemain de l’incendie qui a ravagé plus de 750 hectares des Pennes-Mirabeau et de Marseille, on s’interroge sur la responsabilité de l’État et des services publics pour une catastrophe que le changement climatique promet d’amplifier.

L’effroi passé, place à la parade. Au milieu des préparatifs du défilé militaire censé célébrer la prise du pouvoir national par le peuple, le Premier ministre Bruno Retailleau a fait un saut de puce à Marseille pour saluer les courageux soldats du feu qui ont permis d’éviter que la catastrophe s’alourdisse et pour faire des annonces.

Une flotte hors service

Après avoir énuméré les appareils mis à disposition pour éteindre l’incendie, Retailleau exprime qu’il souhaite « en commander deux nouveaux ». Ce renforcement passerait le nombre d’avions bombardiers d’eau de 12 à 14. Or, le président de la République avait déjà fait cette annonce… en 2022. Macron voulait alors renouveler la flotte des 12 avions existants et les renforcer jusqu’à 16 appareils à la fin du quinquennat. Les avions étaient vieillissants, les pièces détachées attaquées par la corrosion (ces avions canadiens ne sont pas faits pour puiser dans l’eau de mer). 

Après la commande de deux appareils, les économies décidées en 2024 ont eu raison du remplacement et de l’achat des autres avions. Résultat, la pénurie se fait sentir, alors qu’en 2024 plusieurs appareils avaient été cloués au sol hors d’état de fonctionner. Mardi 8 juillet, seuls 4 Canadair, 2 Dash et des ­hélicoptères ont pu être mobilisés.

Un coût écologique et sanitaire 

Le bilan écologique et sanitaire de l’incendie est encore à faire. On sait déjà que les capteurs ont enregistré des pics de particules PM10 allant jusqu’à 160 µg/m³ à Marseille. Les crises d’asthme et épisodes respiratoires aigus vont probablement se faire sentir sur la fréquentation des services d’urgences déjà saturés pendant la période estivale.

La perte massive d’habitat pour plusieurs espèces de faune et flore protégées va accroître la pression écologique exercée dans un milieu qui souffre déjà de températures anormales et du surtourisme. Aucune annonce officielle n’a été faite à l’heure actuelle sur un plan de restauration écologique de la zone brûlée (replantation, restauration des sols, protection de la biodiversité). 

Le dérisoire budget du climat

Malgré des preuves irréfutables du réchauffement climatique et son avancée inexorable quelles que soient les mesures prises, le budget alloué au changement climatique est dérisoire. Le budget incendie 2025 est fixé à 6,7 milliards d’euros, soit 0,5 % des dépenses publiques. 

Le dernier Canadair a été livré en 2007. Les deux appareils commandés par l’État, annulés en 2024 par le gouvernement Attal — alors qu’il commandait 42 avions Rafale — coûtaient 53 millions d’euros. Pour rappel, l’État a investi 700 millions d’euros pour assainir la Seine pour les Jeux olympiques.

Le Mozart de la finance ne voit donc pas venir le coût faramineux de son inaction, tant économique que climatique. Gageons sur le cynisme de nos dirigeants : l’été est là, et les débats vont pouvoir se tourner vers le burkini…

Guillaume NPA Marseille