Le 23 octobre dernier a débuté la plus importante catastrophe industrielle et environnementale de Californie.
SoCalGas (Southern California Gas Company) est le plus gros distributeur de gaz naturel aux États-Unis :20 millions d’utilisateurs, 11 milliards de $ de chiffre d’affaires et 17 000 salariés. Il utilise ce réservoir naturel de 2,5 milliards de m3 pour stocker du méthane avant de le distribuer à ses abonnéEs.
La fuite a eu lieu à 150 m de profondeur, près de Porter Ranch, à 25 km au nord de Los Angeles, dans un puits de forage abandonné de 3 000 m de profondeur datant de 1953... La vanne de sécurité sur la tête de puits, défaillante, avait été supprimée mais pas remplacée, car jugée non essentielle du fait de l’absence de maison dans un rayon de 100 mètres !
Depuis, 1 200 tonnes de méthane (CH4) partent dans l’atmosphère tous les jours. Le méthane a un potentiel de réchauffement global à 100 ans 25 fois supérieur à celui du CO2. La fuite correspond à 25 % des émissions de méthane de la Californie, aux émissions de 7 millions de voitures !
Comment arrêter la catastrophe ?
Les autorités et la compagnie prétendent qu’il n’y aurait aucun risque pour les populations. Le méthane est présenté comme du gaz naturel. Mais il était stocké en vue d’être distribué : des additifs lui donnent sa fameuse odeur d’œuf pourri, et on y trouve des traces de composés cancérigènes comme le benzène. Les riverains se sont vite plaints de nausées, de maux de tête, de saignements de nez, sans parler d’infections du nez, de la gorge et des oreilles.
Le gouverneur de Californie a décrété l’état d’urgence, et des milliers de personnes ont dû déménager.
SoCalGas peine à arrêter la catastrophe, la pression du gaz empêchant tout colmatage par le dessus. Il va donc falloir forer un puits de secours à 2 800 m de profondeur pour divertir le gaz, puis remplir l’ancien puits de ciment pour le boucher. Délai prévu, avril 2016. Autant dire 6 mois de fuite…
Une fois de plus, cette catastrophe montre que les industriels du pétrole refusent de comprendre le mot « prévention » et attendent que les accidents arrivent pour montrer… qu’ils ne savent pas les gérer.
Nous avons des sites de stockage de taille équivalente en France : Lussagnet (Landes) 3,5 milliards de m3 ou Izaute (Gers) 3 milliards de m3. Que se passerait-il en cas d’accident ? Les anciens champs de pétrole font partie des lieux de stockage de CO2 proposés par les industriels pour combattre le réchauffement climatique. Porter Ranch est bien la preuve que ces prétendues solutions ne sont pas maîtrisées techniquement.